Devenir ou s’improviser personne proche aidante

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Par Jean-Pierre Boisvert
Devenir ou s’improviser personne proche aidante
Le CIUSSS MCQ considère ainsi l’usager et son proche aidant comme des membres à part entière de l’équipe. (Photo : Deposit)

Nombreux sont ceux et celles parmi nous qui seront appelés tôt ou tard à devenir, ou plutôt à s’improviser proches aidants d’ainés. Ce rôle ne vient pas avec un manuel d’instruction, de là l’importance de ne pas attendre d’être à bout de souffle pour demander conseil, comme le soulignent les organismes d’aide.

L’Appui pour les proches aidants d’aînés du Centre-du-Québec s’adresse autant aux personnes qui aident à maintenir des aînés à domicile, qui est un travail presque à temps plein, qu’à celles qui rendent visite à leurs parents habitant dans des résidences de personnes âgées ou dans un Centre hospitalier de soins de longue durée (CHSLD).

«Leur parcours est subtil parce qu’il commence lentement. Les besoins vont en grandissant. Les parents vieillissent. C’est beaucoup de responsabilités. Le fait de tout faire tout seul ajoute à la difficulté. On n’est pas préparé et ça devient un marathon tant physique que psychologique», fait observer Janyk Ouimet, directrice de l’organisme basé à Nicolet.

Celle-ci met en lumière le fait que la personne aidante doit souvent se substituer à la personne soignante. «En raison du manque de ressources, la conception de ces deux rôles devrait faire l’objet d’une réflexion collective». À ce propos, un document pertinent, qui s’intitule «Prendre soin de moi tout en prenant soin de l’autre», est disponible sur le site du CIUSSS.

De son côté, l’Association des personnes proches aidantes de Drummond (APPAD) a pour mission d’aider les proches aidants dans la MRC de Drummond. La directrice Emmanuelle Blanchard précise : «La personne proche aidante est celle qui offre de son temps. Ce rôle est exigeant et sous-estimé. Combien de fois va-t-elle se faire demander : comment va ta mère ou ton père? Jamais on ne lui demandera et toi, comment vas-tu? Il n’est pas rare qu’un stress fasse son apparition, parfois même dès le premier jour où la personne aînée doit quitter sa résidence pour aller vivre dans un centre d’hébergement», dit-elle.

Mme Blanchard tient à ajouter qu’un service qui s’appelle «La Traversée» est une initiative visant à supporter de façon plus spécifique les proches aidants de personnes hébergées. «Les thèmes abordés touchent la problématique pouvant être vécue, incluant les difficultés d’adaptation au nouveau mode de vie. Une série de rencontres débutera au mois de février à raison d’une demi-journée par semaine durant sept semaines. Ça sert à devenir plus confortable dans ce nouveau rôle».

Selon la directrice de l’APPAD, la MRC de Drummond compte environ 15 000 personnes proches aidantes, un nombre qui ira en grandissant au cours des prochaines années.

Se rapprocher des plus éloignés
Jean-Guy Moreau, qui depuis plusieurs années prend soin de ses parents, maintenant hébergés au CHSLD Frederick-George-Heriot, estime important de dire que l’arrivée de personnes âgées dans un centre d’hébergement ne marque pas la fin des soins que doivent leur apporter leurs enfants.

«On ne peut pas simplement aller porter nos parents dans un CHSLD et ne plus s’en occuper après, en pensant qu’ils auront les services nécessaires. Ça ne marche pas comme ça. Les préposés aux bénéficiaires sont loadés. Les proches aidants doivent faire un minimum : aller rendre visite à leurs parents, les faire marcher et leur changer les idées. Ce que j’appelle se rapprocher des plus éloignés. Oui je sais que c’est du couraillage, mais il y a beaucoup à retirer des efforts qu’on fait pour aider ceux et celles qu’on aime. Comme a déjà dit une psychologue, c’est un privilège d’accompagner un proche dans la longévité, cette période avant de franchir les murs de l’éternité. Et puis, c’est bon pour la santé de donner de son temps. On se sent bien après».
Le retraité de 72 ans reconnaît que ce n’est pas facile pour tout le monde de savoir comment s’y prendre. «C’est à l’usage qu’on apprend à doser ses énergies. Et aussi c’est en en parlant avec d’autres qui ont vécu ce rôle de proche aidant. Je fais partie d’un groupe qui joue au pickleball. Ça nous fait sortir, bouger, se rencontrer et échanger. C’est dans ces occasions qu’on apprend des trucs et c’est bon pour le moral», fait valoir M. Moreau dont la situation familiale a fait l’objet d’un touchant reportage à Radio-Canada. D’ailleurs, ce reportage sera rediffusé en deux occasions à SRC les samedis 30 décembre prochain et 6 janvier 2018 à midi 30 ainsi que trois fois à RDI, les 4 et 5 janvier à 13h, 18h30 et minuit 30.

 

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