Des repas servis dans des assiettes de carton

Des repas servis dans des assiettes de carton
Dimanche midi

Depuis la reprise de la grève, vendredi dernier, les résidents du 600 Bousquet, à Drummondville, se sentent pris en otages par la direction et le syndicat. Ils se considèrent privés de services et d’attentions qu’eux jugent essentiels dans une résidence pour personnes âgées.

«Nous avions choisi une résidence pour vivre des jours tranquilles, en sécurité, avec des services qui répondent à nos besoins. Or, depuis que la gendarmerie syndicale a décidé de tout régenter, c’est un vrai bordel ici. Qu’est-ce nous avons fait pour nous retrouver comme des otages?»

Celle qui s’exprime ainsi est une dame qui désire garder l’anonymat par crainte de représailles. Appelons-la Madame Hortense. Cette dernière aimerait bien que le propriétaire de l’endroit, Luc Bergeron, vienne expliquer aux résidents les raisons de cette grève qui n’en finit plus. Pourquoi en subissent-ils les conséquences, eux qui paient déjà si cher leur pension?

Services coupés

Depuis vendredi, les résidents subissent les contrecoups de la grève et s’en attristent. Des lits pas faits et sur lesquels l’on retrouve le sac de vêtements non rangés et non pliés au retour de la lessive, qui arrive avec des jours de retard.

À la cafeteria, ce n’est guère mieux. Les résidents reçoivent leur repas dans des assiettes de carton. Souvent, les beurriers n’ont pas été remplis, pas plus que les salières. Et ils n’ont pas droit à un menu alternatif, s’ils ne veulent pas de celui proposé au tableau, à l’entrée de la salle commune. En plus, ils doivent maintenant aller chercher leur dessert eux-mêmes.

Ces mesures sont les dernières consignes émises par le syndicat aux employés syndiqués. Des moyens de pression pour faire avancer leurs négociations, qui achoppent sur la hausse salariale exigée.

Onéreux pour une pension sans services

«Avant, mon mari pouvait demander un grill-cheese. Maintenant, il n’y a plus droit», raconte Lise Hétu, la femme de Richard Hétu, un homme qui vit au 600 Bousquet depuis qu’il a subi un avc, il y a 14 mois.

Mme Hétu va passer une grande partie de la journée à la résidence pour prendre soin de son mari. Témoin de ce qui se passe derrière les murs, celle-ci veut dénoncer le mauvais service actuel. «Moi, je m’en fiche qu’on me reconnaisse. Je dénonce cela pour les résidents qui ne peuvent pas parler», martèle l’octogénaire.

Cette dame débourse plus de 1600 $ pour l’hébergement de son mari, sans compter les frais supplémentaires qu’elle paie pour ses bains. Son mari est en fauteuil roulant depuis qu’un avc l’a laissé paralysé. Il a donc besoin d’assistance.

«C’est malpropre ici»

Madame Hortense assure, quant à elle, que les services se sont dégradés depuis son arrivée à la résidence, il y a quelques années. Surtout depuis le départ à la retraite de l’ancien directeur, Raymond Courchesne, et de l’ancien concierge, lequel a été congédié à son retour d’un congé de maladie pour épuisement professionnel.

Cet homme faisait tout dans la résidence et elle était bien tenue, fait valoir Madame Hortense. «Depuis son congédiement, c’est malpropre ici. Les planchers n’ont pas été lavés depuis le début de la grève», assure-t-elle.

Dimanche, Liette Beaupré est venue dîner avec son frère et sa belle-sœur, qui vivent tous deux à la résidence. Elle est révoltée par ce qu’elle observe. «Ça prend 15 minutes avant qu’on serve un verre d’eau. Ce n’est pas normal. Et regardez mon assiette: même pas de légumes dans le pâté au poulet. J’ai même dû apporter ma tomate.»

Mme Beaupré considère la situation des employés injuste. «On pourrait bien leur offrir 25 sous de plus de l’heure», insiste-t-elle.

Même s’il est paralysé, Richard Hétu a toute sa tête. Assis dans son fauteuil roulant, il se questionne. «Le soir, entre 17h et 21h, il n’y a qu’un seul préposé maintenant et pour s’occuper des trois étages. Ce n’est pas suffisant. Est-ce que cela respecte les normes du travail?»

Rappelons que les employés syndiqués du 600 Bousquet sont en grève depuis le 21 juin 2016 et ne sont toujours pas parvenus à une entente salariale dans leurs négociations en vue de renouveler leur convention collective échue depuis 2014.

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