Une vitrine de choix pour trois jeunes virtuoses

Une vitrine de choix pour trois jeunes virtuoses
Isabelle David

Sans autre objectif que de leur offrir l’occasion de vivre une expérience professionnelle devant public, trois jeunes virtuoses ont pu étaler tous leurs talents, mardi soir, sur la scène de la Maison des arts Desjardins Drummondville.

La pianiste Isabelle David, de Sainte-Julie, et le duo formé du violoniste Justin Lamy et du pianiste Carl Mathieu Neher, tous deux de Gatineau, n’ont pas hésité à accepter l’invitation de la Maison des arts et de Canimex, même si elle est venue à la dernière minute, pour venir s’exécuter sur des instruments de haute qualité, soit le piano Fazioli et le Stradivarius (1667), prêtés par Huguette et Roger Dubois, de Canimex.

En cette soirée du 10 septembre, soit deux ans jour pour jour après l’ouverture officielle de la Maison des arts, c’est Isabelle David qui a entamé le concert en interprétant six des célèbres Études de Frédéric Chopin (No 1 «Harpe éolienne» en la bémol majeur, No 2 «Les abeilles» en fa mineur», No 6 «Les Tierces» en sol dièse mineur, No 7 «Violoncelle» en do dièse mineur, No 11 «Vent d’hiver» en la mineur et No 12 «Océan» en do mineur).

Après quoi, Justin Lamy et Carl Mathieu Neher ont livré une brillante interprétation du fameux Poème d’Ernest Chausson suivie de la «Sonate no 2 en ré majeur pour violon et piano» de Sergei Prokofiev. Isabelle David est revenue pour clôturer le récital en jouant avec autant d’aisance que d’énergie l’exigeante «Rhapsodie hongroise #12 en do dièse mineur» de Franz Liszt.

Les trois musiciens ont livré des performances exceptionnelles devant un public peu nombreux mais choyé, sans compter ceux qui, à l’instar de Jean Larocque, directeur administratif de l’Orchestre symphonique de Drummondville (OSD), et George Nicholson, ex-animateur à Radio-Canada et auteur d’une biographie sur André Mathieu, sont habitués à analyser les moindres subtilités.

Aux dires de M. Larocque, les pièces interprétées par Isabelle David «requièrent une virtuosité sans faille, et, comme toutes les œuvres de ces deux compositeurs, sont exigeantes au niveau de l’interprétation. Elle a su les rendre avec une musicalité exquise. Elle a fait ressortir avec bonheur toutes les nuances et toutes les couleurs de ces musiques. Son jeu, alternant puissance et délicatesse selon le moment, témoigne de sa grande maîtrise de l’instrument ainsi que de ses grandes qualités d’interprète».

Le co-fondateur de l’OSD a ajouté que «le violoniste Justin Lamy et le pianiste Carl-Mathieu Neher ont, de leur côté, fait une éblouissante démonstration de cette magie qui s’installe lorsque deux interprètes de grande qualité mettent leur talent en commun au profit de grandes œuvres. Justin Lamy a démontré une grande virtuosité dans l’interprétation de ces œuvres. Magnifique dans son interprétation, sobre dans son geste, il a magistralement rendu ces pièces, faisant ressortir chaque trait, chaque nuance, et avec une apparence de facilité déconcertante. Son jeu inspiré a été des plus appréciés par l’auditoire. Et il faut mentionner la superbe performance du pianiste Carl-Mathieu Neher. Dans ce répertoire, le rôle du piano, particulièrement dans la sonate de Prokofiev, est déterminant et ne se limite certainement pas à l’accompagnement. Parfait complice de Justin Lamy, Carl-Mathieu Neher a démontré une virtuosité éclatante et cet instinct de duettiste si nécessaire à l’exécution d’œuvres aussi exigeantes».

Pour sa part, George Nicholson s’est dit fortement impressionné par Isabelle David. «Elle nous a montré des octaves formidables, capable d’enchaîner les doubles tierces avec une sonorité qui vient d’elle beaucoup plus que du piano. Par-dessus tout, elle est prête à recevoir le savoir d’un maître qui saura la pousser plus loin dans sa trajectoire. Dans son cas, les fleurs sont parfaitement écloses, il ne reste qu’à donner les fruits», a-t-il suggéré à titre d’analogie.

M. Nicholson aurait par ailleurs aimé que le duo Lamy-Neher s’abandonne davantage. «Ils ont offert une belle sonorité, une belle complicité, mais les interprètes doivent retrouver l’accent dramatique nécessaire pour soulever ces notes. Ils disaient tous les mots mais pas toutes les phrases», a imagé encore une fois le distingué visiteur, qui a fait le voyage de Montréal aller-retour exprès pour ce récital.

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