Toc Toc, une pièce de théâtre à défis pour les comédiens

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Par Cynthia Martel
Toc Toc, une pièce de théâtre à défis pour les comédiens
Le metteur en scène Pierre-François Legendre entoure les comédiens Tammy Verge et Marcel Leboeuf. (Photo : Cynthia Giguère-Martel)

THÉÂTRE. Les comédiens de Toc Toc, présentée cet été à la Maison des arts Desjardins de Drummondville, ne manquent pas de défis avec cette pièce de théâtre peu conventionnelle.

À moins d’un mois avant la première (13 juillet), le travail avance rondement, constate le metteur en scène Pierre-François Legendre.

«Je dirais que nous sommes rendus aux deux tiers du travail. Cette semaine, on commence à enchaîner les scènes. C’est sûr qu’à ce stade-ci, on n’a pas encore le souffle de la pièce, mais je peux déjà voir les moments où le feu pognera. Et chacun a bien avancé dans son personnage. Bref, cette semaine est assez cruciale, c’est là que je décide si je reste ou pas!» lance-t-il en rigolant.

Toc Toc a la particularité de réunir tous les personnages sur scène du début à la fin, lesquels interagissent sans cesse entre eux. Pour un comédien, cela demande beaucoup d’écoute et de concentration.

«Après 20 minutes, tout le monde est sur scène ensemble. C’est peu conventionnel, car souvent au théâtre, tu as une scène à deux, une autre à deux, une en groupe, puis on revient à une scène à deux», précise M. Legendre.

«Pour l’apprentissage du texte, c’est quelque chose, car on est six à parler. C’est vraiment du ping-pong, le tempo est rapide. C’est un gros défi», affirme Tammy Verge qui campe le rôle de Blanche atteinte de nosophobie, la peur des bactéries.

«Dans ce contexte, ils n’ont pas le choix d’écouter leurs partenaires et ne peuvent pas trop tomber sur le pilote automatique. L’écoute est super importante», poursuit le metteur en scène.

Au-delà du texte, la posture, les manies et l’état d’âme des personnages prennent une grande place dans le jeu de composition. Et en étant du début à la fin sur scène, les comédiens ne peuvent pas se permettre de décrocher une seconde.

«Quand on ne parle pas, nos personnages continuent à avoir ses tocs, indique Tammy Verge. Par exemple, quand quelqu’un marche devant le personnage de Marcel (Leboeuf) qui est atteint d’arithmomancie, la fascination des chiffres, on le voit qu’il compte les pas. Bref, on joue plein d’affaires au-delà du texte, c’est vraiment le fun. C’est habitant!»

«C’est fatiguant à faire!» blague Marcel Leboeuf.

Au dire du metteur en scène, il n’y a pas de place à l’improvisation.

«Durant les répétitions, pas de problème, mais une fois que ce sera « canné », il ne faut pas, car on viendrait vraiment mettre en péril ce que chacun a bâti.»

Écrite par le Français Laurent Baffie, Toc Toc a nécessité tout un travail d’adaptation.

«Il fallait adapter la pièce absolument, car c’était très, très parisien, fait savoir M. Legendre. J’ai respecté le sens de l’histoire, la couleur des personnages, mais j’ai fait un peu de ménage en enlevant, par exemple, certaines réalités françaises. J’ai enlevé aussi quelques blagues, celles qui en 2016 en France, ça passait, mais qu’aujourd’hui, ici, pas du tout, à cause notamment des propos misogynes. J’ai donc adouci certaines affaires.»

Dès le 5 juillet, les répétitions intensives se succéderont, et ce, jusqu’au 13 juillet, soir de première. C’est durant cette semaine-là que l’équipe apprendra à composer avec les décors qui sortent de l’ordinaire, au dire du metteur en scène.

«Je me suis donné la difficulté supplémentaire avec le scénographe Marc Senécal d’essayer un décor moins conventionnel, c’est-à-dire circulaire avec différents paliers et une pente. En fait, pour une raison qui est bien simple et que les spectateurs comprendront en venant voir la pièce, c’était important de voir le plancher de la salle.»

Une pièce qui rejoint tout le monde

Avec Toc Toc, rappelons-le, les spectateurs partiront à la rencontre de six fascinants patients qui souffrent de divers troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Le syndrome de Gilles de la Tourette (tics moteurs et sonores), l’arithmomancie (fascination des chiffres), la nosophobie (peur des maladies), le toc de vérification, la palilalie (répétition sans arrêt) et le toc d’ordre ou encore de symétrie sont les troubles qui affectent ces sympathiques patients qui attendent dans la salle d’attente d’un réputé psychiatre qui se fait attendre. Verrons-nous apparaître ce fameux docteur?

«Ah! Pour le moment, ce qu’on sait, c’est qu’on l’attend. Est-ce que ce sera comme la populaire pièce En attendant Godot qu’on ne voit finalement jamais? Ce que je peux dire, c’est qu’il pourrait se manifester de différentes façons», laisse entendre Pierre-François Legendre avec le sourire en coin.

En abordant différents TOCS, de nombreuses personnes devraient se reconnaître, croient les comédiens.

«Les spectateurs vont rire d’eux-mêmes et vont vraiment se reconnaître (…) C’est l’éloge de la différence», expose Tammy Verge.

«J’ai joué la pièce de 2006 à 2009 et le nombre de témoignages que nous avons reçus du public, c’est incroyable», ajoute Marcel Leboeuf.

Toc Toc débarquera à Drummondville du 13 juillet au 25 août.

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