Isabelle Yaworski ou l’art de mettre en scène l’inattendu

Par Maxime Rioux
Isabelle Yaworski ou l’art de mettre en scène l’inattendu
Isabelle Yaworski est en train de développer une véritable expertise en ce qui a trait aux spectacles qui rallient les artistes populaires et les ensembles folkloriques invités du Mondial des cultures. Ce genre de prestation est très apprécié du public. Elle a notamment signé la mise en scène du spectacle qui sera présenté ce soir et qui mettra en vedette Mario Pelchat en compagnie de quatre ensembles folkloriques

Après avoir joint l’équipe du Mondial des cultures en 2007 à titre d’adjointe aux opérations, Isabelle Yaworski n’a jamais cessé de faire montre de créativité. Depuis son arrivée, elle a porté différents chapeaux au sein de l’organisation, mais c’est dans l’aspect scénique que cette designer de mode de formation excelle plus que jamais. L’Express l’a rencontrée, notamment afin d’en apprendre davantage sur sa recette spéciale qui permet aux spectateurs du Mondial des cultures d’assister à des spectacles où les artistes populaires partagent joliment la scène avec les ensembles folkloriques.

Le titre exact d’Isabelle Yaworski est «conceptrice artistique et visuelle», un titre conçu presque sur mesure pour cette jeune Drummondvilloise qui avait fait des études dans le domaine de la mode au Collège Marie-Victorin (Montréal). Après avoir œuvré pendant environ cinq ans pour une réputée entreprise de vêtement de la métropole, Isabelle Yaworski avait même démarré sa propre ligne de vêtements. Son arrivée au sein du Mondial des cultures a changé bien des choses.

«Je conçois et fabrique encore des vêtements et je le ferai toujours, assure cette passionnée. Cependant, pour le Mondial des cultures, mon mandat est davantage lié à la mise en scène.»

Ainsi, en 2010, c’est à elle que l’on doit le concert Hymne à la terre qui mettait en vedette Les Respectables, un ensemble folklorique des États-Unis, la troupe québécoise «Bang!» ainsi que les Djinn. L’alliance entre les artistes populaires et les ensembles folkloriques invités au Mondial des cultures a depuis fait ses preuves.

«Depuis, j’ai mis en scène plusieurs concerts du genre, dont celui de Sylvain Cossette (et ses chansons des années 1970), celui de Florence K et de Roch Voisine. Ce soir, ce sera au tour de Mario Pelchat de chanter ses succès en présence de quatre ensembles folkloriques, soit le Mexique, la Colombie, la Martinique et le Pérou ainsi que de Nadja, Élage Diouf, Juan Sebastian Larobina et El Mariachi Guanajuato», partage-t-elle.

On est en droit de se questionner à propos du nombre de travail nécessaires à la mise en scène d’un tel spectacle. Et Isabelle Yaworski a évidemment la réponse.

«Cela demande des répétitions de deux heures pour chacun des ensembles, une répétition commune ainsi qu’une générale, soit un total d’environ quinze heures. Les ensembles ne sont évidemment pas forcés à prendre part à ces prestations spéciales. Depuis que nous en créons, ils ont toujours embarqué avec enthousiasme», assure-t-elle.

Pour l’artiste populaire (ou le groupe), ce genre de défi ne demande rien de plus qu’une ouverture sur le monde.

«Les artistes donnent leur spectacle comme d’habitude. Certains d’entre eux ont déjà exprimé des craintes, au début, mais tous étaient heureux de l’avoir fait par la suite. Ce sont les ensembles folkloriques qui doivent s’ajuster au matériel de l’artiste et non l’inverse», fait valoir la metteure en scène.

Le spectacle de ce soir n’a donc jamais été présenté dans la version où il le sera et, évidemment, ce sera aussi la seule fois qu’il le sera. Ce phénomène d’exclusivité, le Mondial des cultures est bien conscient de l’avoir créé de toute pièce et compte aussi l’utiliser au cours des prochaines années.

«C’est une formule de concert qui plaît beaucoup aux festivaliers, concède la metteure en scène. Ces prestations permettent au public de découvrir les ensembles présents durant le Mondial et, souvent, ils reviennent par la suite pour les revoir parce qu’ils ont eu un coup de cœur. Cela a aussi pour effet de faire découvrir ou redécouvrir les chansons des artistes populaires qui viennent fouler la scène.»

Ainsi, il est permis de dire que les idées brillantes et originales d’Isabelle Yaworski font leur chemin. Tellement que le Mondial des cultures ne serait plus ce qu’il est devenu sans ces prestations qui rallient les artistes populaires et les ensembles folkloriques, les «vraies» vedettes de ce grand rassemblement annuel.

«C’est effectivement en voie de devenir une tradition, convient la jeune femme. Après trois ans, on souhaite continuer à faire ce genre de mariage. Nos sommes réellement en train de développer une expertise! C’est certain que ça va se répéter au cours des prochaines années».

Fait à noter, le frère d’Isabelle Yaworski, Ian de son prénom, effectue sensiblement le même travail que sa sœur depuis trois ans. De son côté, il s’affaire à la mise en scène des spectacles d’ouverture et de fermeture.

«Nous travaillons évidemment en partenariat», précise Isabelle.

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