Et les conséquences du harcèlement sexuel sur les victimes ?

Et les conséquences du harcèlement sexuel sur les victimes ?
Quebec Deputy Government House Leader Gerry Sklavounos speaks to media members at the legislature in Quebec City on Tuesday

OPINION. Le député de Laurier-Dorion, Gerry Sklavounos, a été blanchi des allégations d’agressions sexuelles envers Alice Paquet. Cependant, les médias ont aussi rapporté ses avances insistantes auprès d’employées du parlement.

Dans sa déclaration du 9 février, monsieur Sklavounos n’a pas reconnu avoir eu un comportement inapproprié. Non, il affirme plutôt que son tempérament «extraverti, volubile et passionné» a pu être mal perçu. « À celles et ceux que j’ai pu offenser malgré moi, dit-il, sachez que ce ne fut jamais mon intention et que je le regrette sincèrement. »

Mais les regrets du député ne reconnaissent pas les dommages que ses propos « maladroits» ont pu engendrer chez les femmes qui le côtoient. Jamais on n’entend parler de l’inconfort, de la difficulté de se sentir en sécurité auprès d’un homme qui tient de tels propos – d’autant plus que cet homme est en position d’autorité.  Jamais il n’est question de la crainte grandissante de ses victimes de s’affirmer en sa présence, puisqu’il y a de grands risques à ce qu’elles se fassent répondre qu’elles n’ont pas le sens de l’humour.

Le harcèlement sexuel engendre les mêmes conséquences que d’autres agressions à caractère sexuel : difficultés de concentration, sentiment d’incompétence, perte d’estime de soi, crainte de s’affirmer, épuisement, dépression, perte d’emploi, difficultés relationnelles, difficultés familiales, etc.  En plus du sentiment universel de responsabilité porté par les victimes – à qui on fait croire que c’est elles qui n’ont pas bien compris, qu’elles n’avaient qu’à vérifier auprès de leur harceleur… – ce qui rajoute à leurs doutes quant à la réalité des événements qu’elles ont vécus.

Un gouvernement, qui affirme comme valeurs l’égalité entre les sexes et la sécurité des femmes qui travaillent en son sein, doit servir de modèle à toutes les institutions de la société : famille, travail, éducation, loisir, …  Il doit donc appliquer le principe «Tolérance zéro! » à toute manifestation de violence sexuelle.  Souhaitons qu’il sache prendre en compte la réalité des principales intéressées dans cette affaire.

 

Jocelyne Desjardins, intervenante au CALACS La Passerelle 

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