Des quilleurs peinés de perdre leur salon de quilles

Des quilleurs peinés de perdre leur salon de quilles
Marie-Claire Hébert

Lorsque Yvon Lebel a annoncé la fermeture du Salon de quilles Drummond dont il était propriétaire, bon nombre de ses clients réguliers avaient les larmes aux yeux. Certains fréquentaient l’endroit depuis 20, 30, voire plus de 40 ans.

«J’en ai vu des gens pleurer ici quand ils ont su que ça allait fermer. Le téléphone sonne sans arrêt depuis que ça se sait», indiquait vendredi soir Yvon Lebel, celui qui détenait le salon de quilles situé à l’intersection des rues Dorion et Marchand, au centre-ville de Drummondville.

Lorsqu’il avait acheté l’endroit, en 1976, pas moins de 2000 quilleurs s’y retrouvaient chaque semaine. Depuis, la fréquentation n’a pas cessé de chuter. En 2014, encore 500 usagers occupaient les allées de quilles sur une base hebdomadaire et en 2017, ils ne sont plus que 250.

Mais pour ceux qui restent, la fermeture du salon de quilles est une très mauvaise nouvelle. Ces loyaux quilleurs avaient le cœur lourd, vendredi soir. C’était la dernière soirée où ils pouvaient lancer leurs boules.

Témoins d’une époque

Richard Cartier fréquentait le Salon de quilles Drummond depuis 12 ans. Avec son équipe, ils ont remporté le championnat de l’endroit pour la 3e année consécutive. L’activité de quilles, ça lui tient à cœur. Les grosses, surtout. Un jour, il a abattu 723 quilles en trois parties, sur un total de 900 quilles. De quoi être fier, mais il ne s’en enorgueillit pas pour autant. «Les quilles, ça représente l’amitié et la bonne entente», pense celui-ci.

«Moi, ça me fait vraiment de la peine que le salon de quilles ferme», a glissé pour sa part Denis Hébert, qui y venait également depuis une douzaine d’années pour retrouver ses coéquipiers quilleurs.

À 88 ans, le Dr Bertrand Vincent, lui, s’adonne encore aux grosses quilles. Il venait y jouer trois fois par semaine jusqu’à tout récemment. Ce n’est pas le premier salon de quilles qu’il voit fermer ses portes. Celui-ci a commencé à jouer aux quilles en 1962. Il a assisté à l’ouverture du premier salon de quilles, la Salle Cavalier. «Nous (comme médecins) avons assisté à des départs toute notre vie», a ironisé le médecin retraité.

Il y a aussi Marie-Claire Hébert, qui  joue aux quilles depuis 46 ans. Au début, elle y venait avec son mari puis elle s’y est fait des amis. «J’étais enceinte de mon aînée et je jouais aux petites et aux grosses quilles», a spécifié la quilleuse, qui a laissé tout un pan de sa vie en repartant de l’endroit, vendredi soir.

38 ans de services

Au deuxième étage du Salon de quilles Drummond, les usagers prenaient plaisir, semaine après semaine, à saluer Diane Dugré, derrière son petit comptoir de restauration. C’est que celle-ci a bien pris soin de ceux devenus ses amis, au fil de ses 38 années de loyaux services.

«Ici, ce ne sont pas des clients, c’est ma famille», signalait la dame aux longs cheveux blancs. Elle en a vu passer des quilleurs. Des jeunes, des vieux, des familles. Un usager qu’elle a connu alors qu’il était enfant, y revient jouer avec ses propres enfants. Et tous se souviennent d’elle.

Pour souligner la fin d’une longue page de vie, elle avait personnalisé une inscription sur des tasses qu’elle offrait à ses habitués, ses amis.

Parmi ceux-ci, Marielle Leblanc, une octogénaire qu’elle traite avec affection. Cette dame s’adonne aux petites quilles depuis près de 60 ans. Il y a tellement longtemps que personne n’arrive à situer ses débuts avec exactitude.

«C’est notre championne aux petites quilles. Elle a réussi huit parties parfaites», ont souligné ses amies.

«Ça me fait beaucoup de peine que l’endroit ferme», a commenté Mme Leblanc, qui venait y jouer encore deux fois par semaine.

Le Salon de quilles Drummond ferme officiellement ses portes le 24 mars. Après 60 ans d’activités, c »est une page d’histoire qui se tourne pour Drummondville.

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