Dédier sa vie aux naissances

Dédier sa vie aux naissances
Kate Petitclerc est accompagnante à la naissance depuis 2013.

Kate Petitclerc, propriétaire des services périnataux Concevoir, a décidé de dédier sa vie aux naissances et tout ce qui s’y rattache, et est une des seules accompagnantes à la naissance à Drummondville. 

La rencontre avec Kate Petitclerc s’est fait un samedi plutôt gris, dans les locaux que Concevoir partage avec le bistro végétarien Olistik, sur le boulevard Mercure. Pourtant, le seuil de l’établissement était à peine franchi qu’un ton chaleureux et amical s’est établi avec la jeune femme, enceinte de quelques mois.

Kate Petitclerc est ce qu’on appelle une doula, un terme emprunté au grec ancien qui signifie esclave. Cependant, la fonction est un peu moins radicale que son nom laisse entendre. «On est là pour accompagner et conseiller les couples qui vont avoir un enfant, des premières semaines de la grossesse jusqu’en postnatal», affirme celle qui fait des suivis depuis 2013.

Certains parents peuvent même demander à ce que leur accompagnante soit avec eux au moment de l’accouchement, que ce soit dans une chambre d’hôpital ou dans une maison de naissance. «Juste le fait d’être certain d’avoir une personne qu’on a déjà rencontrée plusieurs fois et qui connaît nos besoins, ça peut être très rassurant pour un jeune couple qui s’apprête à avoir un enfant. Le système de santé étant ce qu’il est, ce n’est pas évident d’avoir toujours la même personne», explique la jeune femme.

Et c’est un moment fort en émotions. «Il n’y a rien qui se compare à un accouchement, affirme la passionnée d’un ton sans réplique. C’est un privilège d’y assister.»

Il est important de faire la différence entre une accompagnante à la naissance et un professionnel de la santé comme une sage-femme, d’après Kate Petitclerc. «Notre but est vraiment de donner de l’information, d’être le plus neutre possible et d’aider les couples à prendre des choix éclairés. On ne peut pas prescrire de médicaments ou faire des injections, par exemple. C’est un service complémentaire.»

La route sera encore longue pour que les accompagnantes à la naissance, encore peu nombreuses au Québec, soient pleinement reconnues comme des professionnelles. «Il y a du chemin à faire, mais ça s’améliore. De plus en plus, les personnes qui travaillent dans le domaine de la santé, comme les médecins et les infirmières, me reconnaissent et savent ce que je fais. Après tout, je suis une paire de bras de plus pour aider pendant l’accouchement», exprime Kate Petitclerc.

Être doula avant d’être maman

Si Kate Petitclerc a aujourd’hui la bedaine ronde et l’œil pétillant, elle a connu son lot d’épreuves. Elle et son conjoint ont tenté pendant neuf ans d’avoir un enfant par tous les moyens disponibles et ont enchaîné les cliniques de fertilité, des tentatives qui sont malheureusement restées sans succès pendant longtemps. «Au début, je me suis rendu compte à quel point les rencontres étaient rapides, à quel point on se sentait bousculés d’un bord et de l’autre sans nécessairement avoir de réponses à nos questions… Ça a été très éprouvant», raconte-t-elle, en spécifiant qu’elle a commencé son parcours d’accompagnante dans l’esprit d’épauler ceux qui passaient par le même genre d’épreuves. Sauf que, de fil en aiguille, sa pratique s’est élargie.

«J’ai eu peur de trouver ça extrêmement difficile de voir des bedaines à la journée longue, de voir des mamans accoucher et atteindre un rêve qui, pour moi, était inatteignable», avoue Kate Petitclerc, sans toutefois s’apitoyer sur son sort.

«C’est toujours une question de perception. Ça va dépendre de la façon dont tu décides de voir les obstacles. Je me trouvais chanceuse, en fait, puisque des couples me laissaient vivre un peu à travers eux quelque chose que je ne vivrais peut-être jamais.»

Et la vie fait bien les choses. C’est lorsque le couple a décidé de renoncer à leur rêve de parentalité que, à peine quelques semaines plus tard, le test de grossesse de Kate Petitclerc s’est révélé positif.

«Je suis tombée enceinte naturellement, quelque chose qui a toujours semblé impossible. C’est un cadeau de la vie», confie-t-elle en caressant son ventre tendrement. 

Partager cet article