«Au 6e étage, on manque de tout…»

«Au 6e étage, on manque de tout…»
L'hôpital Sainte-Croix. (Photo : Photo d'archives)

SANTÉ. Manque d’équipements, pas assez d’employés et climat de travail très tendu : c’est ce que plusieurs professionnels de la santé oeuvrant au Département de médecine spécialisée de l’hôpital Sainte-Croix dénoncent, à bout de souffle.

Les deux personnes ayant accepté de témoigner de leurs conditions de travail n’ont pas de poste précis : elles sont donc appelées à travailler sur tous les étages de l’établissement de santé, selon le besoin. Toutefois, le moins elles mettent le pied au Département de médecine spécialisée, mieux elles se portent.

«Au 6ème, il manque de tout : de pompes, de saturomètres, de civières, de chaises d’aisance… Il n’est pas normal de ne jamais avoir d’équipements essentiels pour vérifier les signes vitaux d’un patient», dénonce une préposée aux bénéficiaires oeuvrant à l’hôpital Sainte-Croix et qui a préféré garder l’anonymat, par crainte de représailles. Elle raconte avoir couru à plusieurs reprises entre les étages de l’établissement pour aller chercher du matériel, ce qui la ralentit considérablement dans son emploi du temps déjà surchargé.

Même son de cloche du côté d’une infirmière, qui a elle aussi souhaité garder son nom sous silence. «Par exemple, les saturomètres sont inclus dans chaque machine que nous utilisons pour prendre les signes vitaux de nos patients. Le problème, c’est qu’ils ne fonctionnent pas toujours, donc non seulement on manque d’équipements, mais en plus ceux que nous avons sont défectueux… On perd énormément de temps avec ça. On prie pour que les infirmières n’en aient pas besoin toutes au même moment.»

 

Elle rapporte également qu’une fois, après un litige concernant les poches de linge non-vidées par les préposés qui manquent de temps, une décision avait été prise de les laisser d’un côté du corridor. «Jusque là ça va, mais nous devons toujours avoir une allée dégagée au cas où qu’il y ait une urgence. À force de circuler, c’est certain que les sacs changent de place et c’est arrivé qu’une infirmière, qui devait transférer une patiente d’urgence dans un autre département, a dû tasser les poches de linge… En pleine situation d’urgence. C’est déplorable», raconte-t-elle d’un air navré.

Plusieurs plaintes ont été acheminées aux syndicats concernant cette situation. Le vice-président de la Fédération de la santé et des services sociaux de la Confédération des syndicats nationaux (FSSS-CSN) du Centre-du-Québec, Claude Audy, confirme qu’une rencontre a bel et bien eu lieu entre son organisation et la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ). «C’est rare! Si les syndicats ont pris la peine de se rencontrer en pleine période de maraudage, c’est que le problème est majeur», s’exclame-t-il, bien qu’il ne connaisse pas l’histoire de long en large.

Claude Audy considère néanmoins important de faire la part des choses. «Les chefs de service ont énormément de pression pour respecter le budget. On leur dit : »le budget est coupé, mais arrange-toi avec ça et ne vient pas m’achaler.» Ils ont peur de perdre leurs jobs à tout moment.»

La présidente du bureau de Drummondville de la FIQ, Brigitte Roy, estime qu’il est temps de mettre un terme à cette situation. «Les professionnels se retrouvent à faire les coins ronds. Ça n’a aucun sens, mais ils n’ont pas le choix ! Ce sont les soins aux patients que l’on vient couper lorsque ce genre de problématique survient et qu’on ne la règle pas.»

Au moment de publier, le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie et du Centre-du-Québec (CIUSSS-MCQ) n’avait pas d’information à ce sujet.

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