Cellulaire au volant : le coroner Garneau recommande 9 points d’inaptitude

Cellulaire au volant : le coroner Garneau recommande 9 points d’inaptitude
Le coroner Yvon Garneau. (Photo : Ghyslain Bergeron)

CORONER. Le coroner Yvon Garneau n’y va pas de main morte dans ses recommandations entourant le décès de Fabien Charron survenu le 8 mai 2016 sur la route 122 à Saint-Edmond-de-Grantham. Il exhorte la Société de l’assurance automobile du Québec d’augmenter à 9 le nombre de points d’inaptitude à quiconque sera pris en défaut avec un cellulaire au volant.

Il faut dire que l’enquête policière qui a été menée à la suite du décès de Fabien Charron a révélé que ce dernier s’est servi de son téléphone cellulaire alors qu’il était au volant.  Qui plus est, il ne portait pas sa ceinture de sécurité, avait consommé de l’alcool et de la drogue et son véhicule présentait de nombreuses défaillances techniques.

La victime était seule à bord de son véhicule lorsqu’elle en a perdu le contrôle, entre 22h45 et 23h. Vers 22h50, soit quelques minutes avant l’arrivée des policiers, un témoin a aperçu la victime dans un fossé, en position ventrale, la tête complètement dans l’eau, ce qui indique qu’il a été éjecté de son véhicule et qu’il ne portait pas sa ceinture. Son décès a été constaté à 1h15. Cause : polytraumatisme de la route.

L’enquête menée par les policiers a permis d’apprendre que M. Charron s’est servi de son téléphone cellulaire à quatre reprises avec la voix, sans aucun texto. «Soit qu’il appelait ou qu’il était appelé», peut-on lire dans le rapport du coroner rendu public ce matin. Aucun dispositif permettant le «mains libres» n’était installé dans le véhicule.

De plus, l’examen mécanique du véhicule a révélé de multiples anomalies qui rendaient dangereuse à l’avance la conduite de ce véhicule de l’année 2004. À titre d’exemple, on mentionne que la roue arrière droite était montée d’un pneu de dimension inappropriée et qu’un boulon était manquant sur la roue arrière gauche. Sur cette même roue, l’expertise a démontré un pneu usé à l’extrême. La rouille était omniprésente sur le véhicule et il y avait des trous dans le plancher.

Quant à la vitesse à laquelle pouvait rouler M. Charron, elle n’est pas précisée dans le rapport, mais elle a été évaluée comme étant supérieure à celle permise sur cette route (90 km/h).

Par ailleurs, le rapport de police indique que le soir de l’accident, Fabien Charron participait à une fête d’amis dans la région de Saint-Edmond-de-Grantham. Il mentionne que l’atmosphère a été troublée à certains moments par des chicanes entre amis. De plus, des participants ont affirmé que M. Charron avait consommé de la boisson forte sur place.

«De toute évidence, dans ce cas de mort accidentelle, l’ensemble des facteurs contributifs est impressionnant. Ils sont : l’alcool, la vitesse, la ceinture non bouclée, l’usage du cellulaire au volant, l’état précaire du véhicule et la consommation d’un stupéfiant. Chaque facteur à lui seul pouvait causer la mort suite à un accident. Que dire de plus?», a inscrit le coroner Yvon Garneau dans son rapport.

Celui-ci poursuit ainsi : «Un des facteurs qui retient mon attention de façon particulière est l’usage au volant d’un téléphone cellulaire. Suite à mes observations faites dans le cadre de cette investigation, il est clair que l’usage dangereux, téméraire, risqué d’un appareil cellulaire en conduisant est un facteur majeur de toute cette cascades».

Il exhorte donc la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ) de réévaluer, de toute urgence, la conséquences désastreuses de ce comportement et d’ajuster le nombre de points d’inaptitude.

«Pas besoin ici de redonner systématiquement des statistiques démontrant que le caractère dissuasifs des mesures actuelles n’est pas au rendez-vous. Je recommande donc à la SAAQ de procéder immédiatement à un amendement législatif à son Code de sécurité du Québec afin que l’inscription des points d’inaptitude pour l’usage illégal d’un cellulaire au volant soit augmentée à 9».

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