Après Barré-Boulet, Bergevin peut-il se permettre d’échapper Ducharme?

Après Barré-Boulet, Bergevin peut-il se permettre d’échapper Ducharme?
Dominique Ducharme. (Photo : (Photo Ghyslain Bergeron))

BILLET. La récente embauche d’Alex Barré-Boulet par le Lightning de Tampa Bay a fait couler beaucoup d’encre au Québec. L’ex-attaquant étoile des Voltigeurs de Drummondville a fait la une du Journal de Montréal et Paul Houde a même interviewé son père en direct à la radio!

D’entrée de jeu, je dois vous dire que cette couverture médiatique m’est apparue totalement démesurée, même si à la base, elle s’inspirait de partisans mécontents. Plus la saison misérable du Canadien se prolonge, plus les experts de tout acabit en profitent pour critiquer la direction du club montréalais, bien souvent de façon injuste. C’est devenu comme une mode… Quand Barré-Boulet a signé avec Tampa, plusieurs d’entre eux ont sauté sur l’occasion pour accuser le directeur général Marc Bergevin et sa garde rapprochée de tous les maux…

Pourtant, il y a un an, au moment où le Tricolore venait de rafler le championnat de la division Atlantique, les mêmes médias n’ont accordé qu’un entrefilet à la nouvelle de la signature d’Antoine Waked par le Canadien. Le meilleur agent libre québécois de 20 ans de la LHJMQ qui s’entend avec le club de son enfance, mais ça ne vaut pas la une… L’histoire n’était pas peut-être pas assez sensationnaliste?

Dans mon esprit, les chroniqueurs et les partisans qui expliquent les insuccès du Canadien par le manque de relève québécoise dans l’organisation font fausse route. Premièrement, l’organisation fait déjà des efforts en ce sens, mais personne ne les remarque. Sept joueurs francophones ont défendu l’uniforme tricolore cette saison et sept autres évoluent actuellement avec le Rocket de Laval.

Et de toute façon, en quoi avoir plus de patineurs québécois dans l’organisation pourrait-il changer la situation actuelle? Combien de Pennsylvaniens ont aidé les Penguins à gagner leurs dernières coupes Stanley? Combien de joueurs originaires de la Nouvelle-Angleterre ont permis aux Patriots de gagner le dernier Super Bowl?

Pour ma part, bien que je sois très fier d’être Québécois, en tant que partisan du Canadien, ce n’est pas le lieu de naissance des joueurs qui m’importe. C’est la grosseur de leur cœur! Brendan Gallagher n’est pas Québécois, mais il soulèverait des montagnes pour faire gagner le Canadien. Idem pour Shea Weber, Andrew Shaw et une poignée d’autres guerriers… dont le Québécois Nicolas Deslauriers. Je dis souvent que je serais prêt à voir le CH gagner la coupe Stanley avec 22 Chinois et un Djiboutien en mission s’il le fallait!

La réalité, c’est que le Canadien ne peut pas recruter tous les Québécois qui cognent à la porte du hockey professionnel. Il y a 30 autres équipes qui cherchent la perle rare. Le Lightning voyait Barré-Boulet dans sa soupe. Vous savez quoi? Tant mieux pour lui : je lui souhaite tout le succès qu’il mérite!

Et de toute manière, qui nous dit que le Tricolore n’a pas déjà l’œil sur un autre agent libre de la LHJMQ? De la façon dont les choses se dessinent, je ne serais pas surpris non plus de voir l’organisation piger dans le circuit Courteau à plus d’une reprise au prochain repêchage…

Tout cela étant dit, et pour en arriver (enfin!) au titre de ce billet, je pense que le Canadien devrait songer sérieusement à embaucher Dominique Ducharme pour diriger le Rocket de Laval dès la prochaine saison. Et, vous vous en doutez sûrement, ce n’est pas simplement parce qu’il est Québécois que je vois le pilote des Voltigeurs diriger les meilleurs espoirs du Bleu-Blanc-Rouge…

Alex Barré-Boulet.
(Photo Ghyslain Bergeron)

Bien sûr, le fait que Ducharme soit originaire de Joliette se veut un net avantage. Historiquement, le Canadien a souvent privilégié des entraîneurs francophones pour diriger son club-école, surtout durant les années où celui-ci était situé au Québec.

Si Ducharme est de loin le candidat le plus logique pour remplacer Sylvain Lefebvre (qui a fait son temps depuis longtemps à mes yeux), c’est plutôt pour tout ce qu’il a accompli au cours des dernières années. Toute la planète hockey a été à même de constater le travail colossal qu’il a accompli derrière le banc d’Équipe Canada lors des deux derniers championnats mondiaux de hockey junior.

Inutile également de rappeler que Ducharme a guidé les Mooseheads de Halifax à trois demi-finales consécutives entre 2012 et 2014, incluant une conquête de la coupe du président et de la coupe Memorial en 2013. À ses débuts dans le métier d’entraîneur, il avait aussi permis à l’Action de Joliette de remporter la coupe Fred-Page.

Mais c’est surtout la spectaculaire transformation que Ducharme a opérée chez les Voltigeurs en l’espace de seulement deux saisons qui démontre ses qualités d’homme de hockey. Le pilote de 44 ans est arrivé dans une organisation en déroute (rappelez-vous l’élimination honteuse face aux Huskies en 2016) et, en l’espace de deux repêchages et de quelques transactions ingénieuses, il en a fait une équipe qui, malgré sa jeunesse, peut déjà prétendre aux grands honneurs ce printemps!

Pour toutes ces raisons et pour plusieurs autres, Ducharme est actuellement l’un des jeunes entraîneurs les plus courus dans les cercles du hockey professionnel. Déjà, l’été dernier, quelques organisations, dont les Blackhawks de Chicago, ont sondé l’intérêt de l’entraîneur-chef et directeur général des Voltigeurs, sans toutefois que les deux parties en viennent à une entente.

Pour l’instant, rien n’indique que le CH ait déjà approché Ducharme. Plusieurs l’ont peut-être oublié, mais des liens existent déjà entre Bergevin et Ducharme. En 2014, le dg du Canadien avait invité le coach des Mooseheads à diriger les espoirs de l’organisation lors de son camp de perfectionnement estival.

Si le CH se tourne effectivement vers Ducharme cet été, l’histoire se répéterait puisque Guy Boucher avait emprunté le même parcours au lendemain de la conquête de la coupe du Président en 2009. Après une saison remplie de succès derrière le banc des Bulldogs de Hamilton, l’ancien coach des Voltigeurs avait toutefois été embauché par… le Lightning.

Si Bergevin avait le malheur de laisser filer Ducharme pour le voir signer avec une autre organisation cet été, je vois déjà certains partisans crier au scandale et les titres assassins pointer vers le dg du Canadien. Comme dans le cas de Barré-Boulet, je trouverais ça injuste. Et puis, le Tricolore pourrait alors se tourner vers d’autres hommes de hockey québécois aussi compétents que Joël Bouchard ou André Tourigny pour diriger le Rocket.

Mais force est de constater que rendu à ce stade-ci de son règne de six ans ponctué de hauts (trois championnats de division et une demi-finale) et de bas (deux exclusions des séries éliminatoires) tout aussi spectaculaires, la grogne populaire et médiatique pourrait finalement avoir raison du dg du Canadien…

 

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