Soupir de soulagement à Saint-Lucien

Soupir de soulagement à Saint-Lucien
Sylvain Leblanc et Michel Arseneault, qui détiennent un lopin de terre sur le Chemin de la rivière depuis quelques mois à peine, se sont présentés à la séance du conseil avec leur roulotte. (Photo : (Photo Lise Tremblay))

SAINT-LUCIEN. Des propriétaires de Saint-Lucien ont poussé un soupir de soulagement lundi soir : ils n’auront pas à retirer leur roulotte de leur terrain ni à défrayer un montant de 1000 $ s’ils n’acceptent pas de se plier au règlement dans les dix jours, tel qu’il était indiqué dans une cinglante lettre qu’ils ont reçue la semaine dernière.

Devant une salle bondée d’environ 70 citoyens prêts à faire connaître leur désaccord, les élus de la municipalité ont adopté à l’unanimité, en assemblée publique lundi soir, une résolution suspendant la mise en application du règlement 08-90 tant et aussi longtemps qu’il n’aura pas été réévalué par le conseil municipal et soumis en assemblée publique.

La démarche pourrait prendre environ quatre mois, considérant les nombreuses étapes qui devront être franchies.

«Le règlement municipal tel qu’on le lit aujourd’hui dit qu’il est possible d’avoir une roulotte sur un terrain à condition qu’elle dispose d’installations sanitaires conformes. Au sein de la MRC de Drummond, il existe aussi un règlement qui stipule qu’un propriétaire peut avoir une roulotte sur son terrain, mais seulement 180 jours par année, peu importe s’il y a un bâtiment (chalet) ou non sur sa propriété. Est-ce que Saint-Lucien ira plus loin avec son règlement et sera moins limitative? Ce sera au conseil d’en discuter», a indiqué le directeur général de la municipalité, Alain St-Vincent Rioux.

C’est à la suite d’une plainte émise et retenue qui a amené l’inspecteur de la municipalité à dépoussiérer ce règlement datant de 1992 et à envoyer des lettres à plusieurs propriétaires de terrains les intimant de retirer leur roulotte dans un court délai de dix jours. Ces lettres ont tôt fait de faire bondir la communauté luciennoise, d’autant plus que les conseillers municipaux n’étaient pas au courant de la démarche et que les missives ne contenaient aucune explication. Selon ce qu’il a été possible de savoir, un propriétaire aurait abusé et placé cinq roulottes sur son terrain sans qu’elles soient équipées d’installations sanitaires conformes.

«Certains ont vu des petits cadeaux flotter sur la rivière… », a expliqué la mairesse Diane Bourgeois lors de l’assemblée publique.

Le conseil municipal de la municipalité de Saint-Lucien. (Photo Lise Tremblay)

D’ailleurs, Mme Bourgeois a invité à plusieurs reprises le directeur général de la municipalité à répondre aux dizaines de questions des citoyens visiblement excédés par la sévérité de la lettre qu’ils ont reçue la semaine dernière des services administratifs de Saint-Lucien.

«La lettre a été mal faite et vous avez mal fait votre travail. Elle était faite pour faire peur au monde. Comme chaque été, mon frère est venu chez moi avec sa roulotte, mais quand il a vu la lettre, il est parti dans un camping à Saint-Félix-de-Kingsey. Là, on apprend que vous avez changé d’idée et que mon frère est parti pour rien… », a lancé un riverain.

«Ce soir, je déplore le manque de leadership à Saint-Lucien. Quand j’entends que les côtés administratif et politique ne se parlent pas, c’est une déception», a quant à lui indiqué le citoyen Pierre Donais.

«Mon terrain est en zone inondable, comme la plupart des gens ici. Si je ne peux plus y installer de roulotte, à quoi servira mon terrain?», ont relevé Sylvain Leblanc et Michel Arseneault, qui détiennent un lopin de terre sur le Chemin de la rivière depuis quelques mois à peine.

La mairesse de Saint-Lucien a assuré que le dossier allait être mis à jour selon les besoins d’aujourd’hui tout en tenant compte des critères environnementaux «très importants».

«Je comprends que vous êtes insatisfaits, a indiqué Diane Bourgeois. Le conseil municipal donne des orientations mais les conseillers n’ont pas toujours à être au courant des actions de l’administration. Ce que je trouve dommage ici, c’est qu’on a mis sur la place publique quelque chose qu’on aurait pu discuter entre nous.»

Le conseiller municipal Michel Côté a quant à lui déploré un manque de communication.

«On (les conseillers municipaux) n’était pas au courant pour la lettre. Je l’ai appris quand un citoyen est venu cogner à ma porte. Je pense que quand une lettre est envoyée en masse comme ç’a été le cas ici, il aurait fallu qu’on soit réuni en assemblée», a-t-il exprimé attirant les regards approbateurs de ses collègues.

«Ça ne sert à rien de chercher un coupable. Maintenant, je pense que chacun d’entre vous, que ce soit les élus ou l’administratif, doit tirer des leçons de cette situation. L’histoire a été médiatisée partout et ça n’a pas apporté une belle image à notre municipalité», a lancé un citoyen en guise de conclusion.

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