«Le décrochage scolaire, pas pour moi» – Philippe Hains

«Le décrochage scolaire, pas pour moi» – Philippe Hains
Souffrant de dyslexie, Philippe Hains a trouvé sa voie : la cuisine. Prochainement, il ira parfaire ses connaissances aux côtés du réputé chef Normand Laprise. (Photo : Jean-Claude Bonneau)

Par Jean-Claude Bonneau

PERSÉVÉRANCE. Il n’a que 18 ans et son histoire pourrait stimuler bien des jeunes de son âge. D’un décrocheur scolaire qu’il a failli devenir, Philippe Hains voit maintenant l’avenir avec beaucoup plus d’optimisme et ce jeune Drummondvillois ne se gêne surtout pas pour avouer que la cuisine l’a fait sortir d’un sentier qu’il est venu à un cheveu d’emprunter. 

Dans quelques semaines, Philippe Hains pourra sourire à belles dents en affirmant que le décrochage scolaire, ce n’était pas pour lui. Encore plus, il pourrait devenir un exemple de persévérance en accrochant, dans son prochain lieu de travail, son DES (diplôme d’études secondaires) et son DEP (diplôme d’études professionnelles). Deux diplômes plutôt qu’un pour quelqu’un qui n’a jamais vraiment aimé l’école, faut le faire.

Une planche de salut

Éprouvant certaines difficultés à obtenir de bons résultats en classe, Philippe Hains n’était pas l’étudiant le plus motivé, tant au primaire qu’au secondaire. «Souffrant de dyslexie (un diagnostic qui est tombé au primaire), j’inversais souvent des lettres qui se ressemblaient. Donc, j’avais des difficultés d’apprentissage au niveau de la lecture, par exemple en français. J’avais également certaines difficultés en maths et en anglais. C’était décourageant et j’étais le modèle parfait pour décrocher et me trouver, à l’âge adulte, avec un travail qui ne demandait aucun diplôme. En somme, j’étais destiné à travailler pour travailler, sans nécessairement aimer ce travail», soutient Philippe.

Puis, en 2016 alors qu’il était en secondaire 3, le jeune homme a rencontré une technicienne en persévérance scolaire, Caroline Favreau, qui travaille avec les étudiants de Marie-Rivier. Cette dernière, que plusieurs collègues qualifient de très persévérante et très professionnelle dans son travail, s’est donné comme mission de démontrer toute l’importance d’obtenir un diplôme d’études secondaires.

«C’est vraiment elle qui m’a permis de ne pas décrocher. Elle a évalué les matières que je jugeais inutiles, comme les sciences, la géographie ou autres et elle m’a proposé des alternatives. Et c’est là qu’elle m’a parlé du programme de concomitance de Marie-Rivier. Ce programme permet de terminer son secondaire et d’obtenir son DES en plus de participer à des cours en cuisine et d’obtenir un DEP. Comme tout étudiant de 16 ans, mes connaissances étaient très limitées, même si la fin de semaine, je travaillais comme plongeur dans un restaurant. Je n’étais vraiment pas certain de l’option qu’elle me proposait mais j’avais le goût d’essayer. De toute façon, il fallait que je fasse quelque chose de positif. J’ai participé à l’activité ¨Élève d’un jour¨ et le déclic s’est fait. C’est là que j’ai su que le cuisine allait devenir ma planche de salut», mentionne Philippe Hains.

Un travail dynamique et une équipe compétente

À quelques semaines d’obtenir ses deux certificats, Philippe Hains voit l’avenir avec beaucoup d’optimisme, et pour cause.

«J’ai vraiment découvert une passion. Je suis un gars qui aime bouger et je peux vous dire qu’en cuisine, on bouge beaucoup. On ne reste pas à rien faire longtemps», avoue le futur chef.

S’il se retrouve là où il est aujourd’hui, Philippe Hains en donne tout le crédit à la technicienne en persévérance scolaire qui l’a fort bien conseillé mais aussi à toute l’équipe du programme en cuisine de Marie Rivier.

«Le programme de concomitance en cuisine est dirigé par le chef Mario Patry. Chef Patry et tous les autres professeurs sont des passionnés de la cuisine et ils savent comment nous transmettre cette passion. Il y a sûrement eu une bonne étoile qui a veillé sur moi et aujourd’hui, je suis très fier de ce que j’ai accompli et surtout de m’être accroché et d’avoir été au bout de ce rêve qui était d’obtenir un diplôme.

Aujourd’hui, Philippe Hains sait plus que jamais qu’il pourra faire de la cuisine son gagne-pain, surtout que le taux de placement pour les diplômés en cuisine et alimentation de Marie Rivier est de 100 %. En plus d’en apprendre sur les bancs d’école, les élèves inscrits à ce programme concomitance peuvent participer à des stages de formation. Dans le cas de notre interlocuteur, il a déjà en banque deux stages de perfectionnement au restaurant W.L. de la rue Heriot et il aura l’opportunité de réaliser son stage de finissant au restaurant Le Toqué de Montréal, propriété du réputé chef Normand Laprise qui fait partie des juges de l’émission télévisée Les Chefs. Depuis plusieurs années, Le Toqué est reconnu comme l’un des meilleurs restos au Canada (1er au palmarès canadien en 2015 et 2016 et 2e en 2017) et nul doute que Philippe Hains ne peut demander mieux pour parfaire ses connaissances.

À Marie Rivier, les professeurs en cuisine et en hôtellerie sont très fiers du cheminement de leurs élèves qui représentent, cette année, la quatrième cohorte de finissants.

À l’endroit de Philippe Hains, le responsable du programme, Chef Mario Patry, ne tarit pas d’éloges à l’endroit de son protégé. «Philippe s’est vraiment démarqué au cours de la dernière année. D’un élève timide et en retrait, il est devenu quelqu’un de très dynamique, de passionné. Il a pris les bouchées doubles et il a cette volonté de progresser. Il a vraiment tout pour réussir dans ce domaine. Il a trouvé sa vocation. Je suis certain qu’il va aller très loin car c’est un passionné. Je ne serais vraiment pas surpris de le voir, dans quelques années, faire partie de cette nouvelle vague de chefs reconnus, Je suis vraiment fier de ce qu’il a accompli», précise Mario Patry.

Un message d’optimisme

En terminant, Philippe Hains a un message à lancer à ceux et celles qui, comme lui, éprouvent certaines difficultés sur les bancs d’école et qui envisagent de décrocher.

«Quand j’ai pensé au décrochage, j’ai fait une recherche pour voir les emplois disponibles. La liste était très courte. Presque partout aujourd’hui, on demande un diplôme d’études secondaires. On peut toujours se rattraper, récupérer. Il y a des solutions pour chaque problème. Si j’ai réussi à le faire, d’autres peuvent également réussir. Il suffit de trouver un intérêt et de se lancer à fond. Il y a trois ou quatre ans, je n’aurais jamais pensé obtenir un DES ou un DEP et pourtant j’y suis parvenu. Il ne faut jamais lâcher. Les jeunes qui éprouvent des difficultés à l’école auraient avantage à rencontrer et à consulter des personnes spécialisées en ce domaine. Je l’ai fait et aujourd’hui, j’en suis très fier et mon avenir ne s’en portera que mieux», de conclure Philippe Hains qui a bien hâte de parfaire ses connaissances en côtoyant le réputé chef Normand Laprise.

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