Homosexualité/bisexualité : Caroline Dion tend l’oreille aux jeunes et aux aînés

Homosexualité/bisexualité : Caroline Dion tend l’oreille aux jeunes et aux aînés
Caroline Dion, malgré son emploi du temps bien rempli, est engagée dans plusieurs causes. (Photo : Ghyslain Bergeron)

CONFÉRENCE. Impliquée depuis toujours dans la communauté, la femme d’affaires drummondvilloise Caroline Dion a ressenti le besoin d’en faire un peu plus. Depuis deux ans, elle rencontre les étudiants et les personnes âgées de la Mauricie et du Centre-du-Québec pour parler de son expérience de vie afin de démystifier l’homosexualité et la bisexualité dans le but de contrer l’homophobie.

Mme Dion a été mariée pendant 14 ans dans une relation hétérosexuelle et a donné naissance à trois enfants. En 2006, la femme de 44 ans s’est séparée et a rencontré, quelques années plus tard, une amoureuse.

«Lors de ma rupture, je savais que je ne referais pas ma vie avec un homme. Ça me passait par la tête de tenter l’expérience avec une femme, mais sans plus. J’étais bien dans ma situation et j’explorais pendant mon célibat. Mais la vie a mis sur ma route une femme avec qui j’avais des affinités et c’est à ce moment que j’ai débuté une relation homosexuelle. On a eu un fils ensemble, mais nous sommes séparées depuis», raconte Mme Dion.

Cette expérience lui a amené le goût d’aider les autres dans la découverte de leur parcours et leur évolution sexuelle.

«C’est arrivé comme ça. Je voulais m’impliquer auprès des jeunes, car encore en 2018, ce n’est pas facile d’avouer qu’on a une orientation sexuelle différente de ce que la société propose», explique Mme Dion.

Au printemps 2016, après avoir rencontré les intervenants du Groupe régional d’intervention social (GRIS), elle a débuté et complété une formation pour être en mesure de donner des conférences dans les écoles.

Dès lors, Caroline Dion a rencontré des jeunes de 2e et 4e secondaire, surtout à Drummondville et à Trois-Rivières. Souvent accompagnée d’un autre bénévole, Richard Senneville (cofondateur du GRIS Mauricie/Centre-du-Québec) ou Jules Brouillard, elle les sensibilise afin de prévenir et contrer l’homophobie. Annuellement, ce sont plus d’une centaine de conférences qui sont présentées en Mauricie et au Centre-du-Québec.

Vers la fin de 2017, Mme Dion a décidé de parfaire et approfondir ses connaissances en suivant une autre formation pour intervenir auprès des jeunes de la 6e année du primaire. Par la suite, en début d’année, la bénévole drummondvilloise a spécialisé ses connaissances afin de pouvoir donner des conférences auprès des aînés.

«Il y a encore un tabou qui est immense avec les personnes âgées, observe-t-elle. Même s’ils étaient sortis du placard, plusieurs y retournent quand ils arrivent en résidence, car ils ne veulent pas se faire juger. Et parfois, quand ils apprennent que leur enfant ou petit-enfant sont gais, ça les bouleverse. C’est pour ces raisons que ce que nous faisons est si important.»

En aucun temps, les bénévoles n’interviennent lors d’une crise. Les intervenants s’assurent que la personne est entre bonnes mains.

«On est là pour raconter notre histoire et répondre aux questions des personnes, mais on ne les laisse jamais seuls. On dirige ceux qui en ont besoin vers d’autres ressources», poursuit Mme Dion qui collabore aussi avec l’organisme Trans Mauricie – Centre-du-Québec.

D’autres réalisations et un message aux parents

Comme si elle n’en faisait pas assez (elle lance un large sourire!), Caroline Dion s’est collée à la campagne de sensibilisation du Centre d’écoute et de prévention suicide Drummond (CEPS) lancée en février dernier. Avec sa collègue Anne-Claire Benoit, elle a élaboré une campagne pour l’organisme.

«J’ai été touchée de proche par la dépression. Il arrive souvent de voir des jeunes se chercher dans leur orientation sexuelle et penser au suicide afin de tout arrêter. Je trouve que ça fait partie de la même mission : la prévention», exprime-t-elle.

La femme d’affaires publie aussi des livres pour enfants sur les situations homoparentales pour deux mamans ou papas.

Caroline Dion voulait du même coup lancer un message aux parents.

«Faites attention aux paroles. Une phrase du genre «as-tu une p’tite blonde – chum ?» peut mettre une pression sociale sur l’enfant. S’il est en recherche d’identité, le jeune peut être frustré. Il ne faut pas imposer ce qui semble naturel dans la société. Il faudrait plutôt lui demander s’il est en amour, ça laisse une porte de sortie», suggère, en terminant, Caroline Dion.

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