Les nombreuses facettes de l’anxiété

Les nombreuses facettes de l’anxiété
(Photo : Josyane Cloutier)

L’anxiété touche une grande partie des étudiants universitaires, et a plusieurs visages. Voici les témoignages de jeunes femmes, toutes étudiantes au DEC-BAC en sciences infirmières au campus de l’UQTR à Drummondville.

Julie a trente-huit ans. Elle est mariée et a trois enfants de 6, 11 et 13 ans. Auparavant technicienne en santé animale, elle est retournée aux études en soins infirmiers il y a cinq ans et est sur le point de terminer son programme DEC-BAC au campus de Drummondville. «Avec le recul, je me dis que je suis folle», résume-t-elle avec un petit rire.

C’est que conjuguer travail, famille et études n’est pas toujours évident. «J’ai trois enfants, et j’ai lâché un travail pour retourner à l’école, donc c’est mon conjoint qui assume la majorité des dépenses. Je n’ai jamais vraiment été stressée dans ma vie, jusqu’à ce moment», raconte la dame, qui a préféré taire son nom de famille.

Ses premières expériences avec l’anxiété remontent il y a cinq ans, au début de ses études collégiales en soins infirmiers. Maux de ventre intolérables sans médication, maux de tête, irritabilité, insomnie chronique… Les symptômes sont nombreux. «Mes journées commencent à 6h le matin et se terminent rarement avant 23h. Entre les deux, on court. Ça n’arrête plus. C’est assez l’enfer.»

Elle qui est très organisée en temps normal, elle a pourtant déjà oublié un examen de fin de session à cause de la fatigue.

Elle mentionne que c’est son rôle de maman qui lui cause le plus d’anxiété. «L’école, c’est à temps plein, mais les enfants, encore plus. Mon conjoint travaille beaucoup, donc s’il y a un problème avec les enfants, c’est souvent moi qui gère cela puisque mon horaire est un peu plus flexible.»

Sabrina a 22 ans. Elle étudie elle aussi au programme DEC-BAC, et termine à l’automne 2018.

Elle vit avec l’anxiété depuis l’âge de 8 ou 9 ans. À ce moment, elle a reçu un diagnostic de trouble anxieux léger. «Ça a été une période difficile. Tout était source d’anxiété. Ça avait des impacts sur tous les aspects de ma vie», raconte-t-elle. Elle ajoute qu’elle a de nouveau eu beaucoup de difficulté à gérer ce trouble anxieux à l’adolescence, alors qu’elle était en pleine crise d’identité.

Aujourd’hui, c’est moins prononcé que c’était. «Je suis allée chercher des ressources pour m’aider. C’est humain, l’anxiété. S’agit juste d’apprendre à la gérer.» Elle a consulté un psychoéducateur il y a quelques années, et ça l’a aidée. Reste qu’elle doit régulièrement composer avec l’anxiété, qui prend racine un peu n’importe où : ses nouvelles responsabilités de jeune adulte en appartement, les notes académiques, le travail d’infirmière en centre hospitalier…

«Je pleure souvent. Je ne me comprends plus. Je ne fournis plus. Je vis des hauts et des bas émotionnels très marqués, comme un syndrome pré-menstruel constant. Des fois, je sens mon cœur battre très vite, même si je ne suis pas en train de fournir un effort physique.»

Un dur métier

La profession d’infirmière est exigeante, et très changeante. «Tu ne sais jamais où tu vas travailler. Il y a zéro stabilité : le personnel n’est jamais le même, et les conditions de travail non plus. Tu n’es jamais totalement à l’aise», exprime Julie, qui travaille également sur appel.

C’est sans compter le temps supplémentaire obligatoire, qui survient souvent sans crier gare. «Tu finis ta journée, et tu penses que tu vas pouvoir aller étudier pour ton examen du lendemain. Finalement, tu apprends que tu vas devoir rester pour la nuit en temps supplémentaire obligatoire. J’étudie quand ?», renchérit Jessica, leur amie et elle aussi étudiante au DEC-BAC.

Le manque de temps, criant au sein du système de santé, est un facteur anxiogène, même chez celles qui n’étudient pas en même temps. «On veut toujours performer plus, mais on échoue. C’est certain que ça a un impact», croit Sabrina.

Des ressources présentes, mais pas assez accessibles

D’après les trois étudiantes, des ressources existent actuellement au campus de l’UQTR à Drummondville. «J’ai reçu plusieurs fois depuis le début de mon parcours scolaire un courriel m’invitant à un atelier sur la gestion du stress», rapporte Sabrina.

Cependant, pour avoir un rendez-vous avec un psychologue, c’est à Trois-Rivières.

«On n’a pas toujours envie de faire 45 minutes de route. Je préfère aller consulter au privé, tant qu’à ça. On serait assurées d’avoir un suivi», estiment les trois comparses.

Elles suggèrent donc d’organiser des groupes de discussions menés par les étudiants, un peu sur le modèle des Alcooliques anonymes, mais sans l’aspect thérapie. Le nom est même déjà trouvé : les Anxieux anonymes.

«C’est important d’en parler et de s’entourer d’un bon réseau social. Il faut être à l’écoute.»

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