Lettre ouverte de Normand Jutras sur le décès de Bernard Landry

Lettre ouverte de Normand Jutras sur le décès de Bernard Landry
Bernard Landry (Photo : Archives)

C’est avec une grande tristesse que j’ai appris le décès de Bernard Landry, ex-premier ministre du Québec. J’ai eu l’honneur de servir à ses côtés : je garde le souvenir d’un homme brillant, attachant, visionnaire et d’une culture impressionnante.

L’amour de Bernard Landry pour le Québec et la nation québécoise était incommensurable. Il croyait profondément en la capacité et le talent des Québécois. Ses ambitions pour le Québec étaient sans limite. Il éprouvait une immense fierté pour ce qu’il appelait le «génie» des Québécois. Il voulait voir s’épanouir davantage ce «génie» en faisant du Québec un pays.

Bernard Landry était un homme de cœur. Combien de fois l’ai-je entendu prononcer des discours touchants, émouvants même, parlant avec tant de fierté du peuple québécois, d’essor économique, de culture. C’était un érudit. Il savait, par son propos, «venir nous chercher», pour reprendre une expression de chez nous. Quand on l’entendait, on y reconnaissait ses talents de pédagogue, qui savait parler en termes simples de choses compliquées, et aussi un homme profondément humain au service de ses compatriotes.

Il était un visionnaire, non seulement quant à l’avenir du Québec en tant que pays, mais quant à notre système politique actuel. Je veux rappeler, entre autres, l’appui ferme qu’il donna à la conclusion du traité de libre-échange de l’Amérique du Nord, plusieurs étant à l’époque fort sceptiques à cet égard. Aussi, le traité qu’il a réussi à conclure avec les Cris est un de ses faits d’armes marquants. Enfin, comment ne pas rappeler que c’est grâce à lui que Montréal se classe dans les premières villes au monde dans le domaine de l’industrie des jeux-vidéos.

L’économiste, ministre des Finances et ministre du Développement économique qu’il a été, a su donner un essor d’importance à l’économie du Québec. Chaque fois que je lui ai soumis un projet d’investissement dans Drummond, il fut d’un précieux secours. Ainsi, avec lui, j’ai pu annoncer chez nous nombre de projets d’investissements industriels pour la création et la consolidation d’emplois. À ce chapitre, il était débordant d’énergie.

Bernard Landry, un homme dévoué, affable, convaincu et convainquant, fidèle indéfectible à la cause de la souveraineté, à ses chefs, à son parti, un homme que je reconnaissais dans ce vers du poète Gaston Miron : «je n’ai jamais voyagé vers autre pays que toi mon pays.»

J’offre à son épouse, Chantal Renaud, ses enfants et ses proches mes sentiments de sympathie et leur dis : bon courage dans cette épreuve.

Je salue ce grand homme d’État que fut Bernard Landry et je le remercie pour tout ce qu’il a fait pour le Québec. Nous venons de perdre un grand Québécois.

Normand Jutras

Député de Drummond de 1994 à 2007

Ex-ministre de la Justice et Procureur général.

 

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