Le Refuge des rescapés sort de l’ombre

Le Refuge des rescapés sort de l’ombre

DÉPENDANCE. Depuis 20 ans, le Refuge des rescapés vient en aide aux hommes aux prises avec des problèmes d’alcool et de drogue. Pourtant, peu de gens connaissent cette ressource située sur la rue Lessard, dans le secteur Saint-Nicéphore. En 2014, l’organisme entend néanmoins sortir de l’ombre.

Chaque année, une cinquantaine de toxicomanes sont accueillis pendant six mois au sein de ce refuge. Des hommes de tous âges, provenant de divers milieux. Ce qu’ils ont en commun : un problème de dépendance qui détruit leur vie.

Programme des 12 Étapes

L’approche thérapeutique offerte aux usagers a évolué au fil des ans. Depuis environ 18 mois, le Refuge enseigne le programme des 12 Étapes de Narcotiques Anonymes, ce qui lui vaut d’être officiellement certifié par le ministère de la Santé et des Services sociaux. "C’était ça ou on fermait les portes. Ça fait des années qu’on se bat", explique le conseiller Éric Turcotte.

Celui-ci relate que ce virage a motivé une refonte complète des interventions. Au cœur de ce travail de reconstruction, les résidents rétablissent leur estime, leur confiance et leur valeur réelle. Question de partager ce cheminement avec d’autres dépendants ayant choisi ce nouveau mode de vie, des réunions de Narcotiques Anonymes, ouvertes à toute la population masculine, ont lieu tous les jeudis à 19 h 30, au 442, rue Lessard à Drummondville.

Assurer la survie de cette ressource

Même si cette maison thérapeutique est officiellement reconnue par l’État, elle ne reçoit pas de subventions. C’est pourquoi les responsables établiront au cours des prochaines semaines un plan d’action qui lui permettra de recueillir du financement. "Nous voulons établir des contacts avec d’autres organismes du milieu", poursuit-il.

Ce réseautage avec des ressources outillées pour résoudre d’autres problématiques peut s’avérer fort utile afin de mieux soutenir la clientèle.

Par exemple, M. Turcotte remarque que les usagers sont plus nombreux à éprouver des problèmes de santé mentale. "Avec les "speeds", les amphétamines et l’ecstasy, personne ne sait de quoi sont faites ces drogues. C’est n’importe quoi! C’est de plus en plus fréquent de voir les consommateurs faire des psychoses ou devenir schizophrènes", observe l’intervenant.

Par chance, le Refuge compte sur des intervenants solides. Le fondateur, Serge Mallette, n’a plus la santé pour continuer son œuvre, mais la directrice clinique actuelle, Josée DeSerres, cumule une riche expérience en milieu carcéral et thérapeutique. De plus, la prochaine coordonnatrice, Marie-Claudia Alie, joindra l’équipe sitôt sa maîtrise en travail social terminé. Celle-ci a notamment œuvré dans un hôpital psychiatrique de Montréal. Quant à M. Turcotte, il termine un diplôme universitaire en relation d’aide.

Un séjour salutaire

Ce dernier peut témoigner des bienfaits du Refuge, étant lui-même un rescapé qui sombrait jadis dans des problèmes de drogue et des comportements agressifs. La honte le rongeait, surtout quand il pensait à son fils. "J’étais fou… et c’était une priorité pour moi d’offrir un milieu plus sain pour mon enfant", raconte celui qui aide aujourd’hui ses pairs. Son séjour au sein de cette maison a été salutaire grâce à l’amour puis l’accueil qu’il y a généreusement reçus et qu’il s’engage à transmettre à son tour.

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