Le cri du cœur des garderies privées

Le cri du cœur des garderies privées

Malgré la passion qui anime Manon Marcoux et Line Fréchette, propriétaires des garderies privées non subventionnées Les Jeunes apprentis et Le Pommier enchanté, ces dernières devront se résigner à fermer les portes de leur service de garde… si rien ne bouge.

Mme Fréchette avait les yeux bouffis, la semaine dernière, après avoir pris connaissance des nouvelles places en service de garde attribuées pour la région.

C’est qu’il n’avait absolument rien pour les deux garderies privées déjà existantes dans Drummond, et ce, malgré les demandes insistantes pour obtenir des places subventionnées et les promesses du ministère de la Famille.

Prête à tripler sa pouponnière

Pour Mme Marcoux, il s’agit d’une décision tout à fait incompréhensible. Le projet qu’elle avait présenté répondait clairement à plusieurs priorités fixées par le ministère.

Par exemple, elle affirme avoir déjà accueilli des enfants handicapés, en plus d’être ouverte à recevoir des enfants défavorisés. De plus en plus d’immigrants recourent à ses services. «J’ai eu trois nouvelles inscriptions d’immigrants ce matin (mardi) et j’en accueille déjà trois autres», a-t-elle indiqué.

La propriétaire des Jeunes apprentis informe qu’elle est située dans un secteur stratégique en plein essor, au coin de la rue Lamothe et du boulevard Lemire, à cinq minutes du parc industriel. «J’avais même offert au ministère de tripler ma pouponnière», a-t-elle poursuivi, déçue.

Quant à la propriétaire du Pommier enchanté, situé à Saint-Majorique-de-Grantham, elle ne digère pas s’être fait miroiter de fausses promesses. En 2004, Mme Fréchette a reçu la visite d’agents du ministère qui l’invitaient à se conformer à leurs exigences, l’informant que des places subventionnées lui seraient ainsi attribuées.

Tout comme sa consoeur des Jeunes apprentis, elle a donc investi pour répondre aux exigences ministérielles, mais en vain… «Je ne m’attendais pas du tout à ce refus du ministère. On m’avait laissé croire à de nombreuses reprises que mon dossier cheminait bien», a-t-elle déploré.

Pourtant, la récente réponse du ministère a été claire : le fait d’accorder des subventions aux garderies privées n’aurait pas créé de nouvelles places.

Mme Fréchette s’offusque donc de cette volte-face. Même la directrice générale du CPE Fardoche, Irène Benoît, souvent appelée à représenter l’ensemble des services de garde de la région, se serait attendue à ce que le gouvernement privilégie le privée, question de subventionner les services et non les infrastructures. «Je leur lève mon chapeau. Ils travaillent fort. Je n’ai jamais entendu dire que les garderies à but lucratif dans la région n’offraient pas de bons services», a-t-elle commenté, admettant cependant que les gens veulent, malgré tout, des places à 7 $.

Finalement, des parents d’enfants qui fréquentent le Pommier enchanté crient au désarroi. Ils ont rappelé la croissance démographique du secteur. «L’école primaire située en face de la garderie a dû revoir dernièrement son territoire pédagogique pour accueillir tous les élèves de Saint-Majorique», ont-ils mis en contexte. «Si vous aviez simplement survolé le projet, vous auriez constaté que la fermeture de cette garderie était inévitable et catastrophique, si vous n’aviez pas l’intention de la subventionner», ont-ils dénoncé, dans une lettre envoyée au ministère.

La moitié du financement d’un CPE

Il faut savoir que les garderies privées non subventionnées ne reçoivent aucune aide financière du gouvernement. Elles survivent uniquement grâce aux contributions des parents, variant entre 20 $ et 21 $ la journée.

Or, considérant qu’un CPE reçoit plus du double de financement par jour, il devient impossible de rivaliser, surtout pour les salaires des éducatrices et celui des propriétaires… plus souvent qu’autrement inexistants.

C’est sans compter les investissements nécessaires, dépassant la centaine de millier de dollars pour chacune des installations.

Dans ce contexte, les garderies privées peuvent-elles augmenter leur tarif? Elles en auraient le droit, mais c’est le portefeuille des parents qui ne suivrait plus.

Selon les chiffres avancés par Mme Fréchette, le minimum de financement dont les garderies privées auraient besoin s’élève à 30 $ par jour par enfant.

Malheureusement, trop peu de parents seraient capables de payer un tel montant, surtout dans une région comme Drummond où les revenus sont en-deçà de la moyenne québécoise.

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