Le congédiement d’un employé par la Ville est dénoncé par les syndicats

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Par Jean-Pierre Boisvert
Le congédiement d’un employé par la Ville est dénoncé par les syndicats
Marc-André Loiselle à la période de questions. (Photo : Jean-Pierre Boisvert)

Le congédiement d’un employé du service informatique de la Ville de Drummondville, dont une enquête de la Sûreté du Québec a finalement mené à l’abandon des allégations d’ordre criminel, a fait grand bruit ce soir à l’assemblée du conseil municipal où se sont présentés une soixantaine de membres du syndicat des cols blancs et celui des cols bleus.

Une résolution confirmant le congédiement de l’employé, qui a été identifié par le syndicat comme étant Dominic Côté, a en effet été adoptée à l’unanimité. À la fin du mois de mai, il a été arrêté par les enquêteurs des crimes majeurs de la Sûreté du Québec sur des allégations de vol, méfaits et utilisation d’un ordinateur à des fins personnelles. La Ville l’a suspendu avec solde.

À la période de questions, Marc-André Loiselle, président du syndicat des cols blancs, s’est avancé au lutrin pour dénoncer cette décision du conseil municipal, affirmant que le lien de confiance est brisé. «C’est sérieux cette affaire-là. Un employé depuis 15 ans, un père de famille, qui a un dossier vierge, vient de perdre sa job», a-t-il déclaré à L’Express une fois à l’extérieur de l’hôtel de ville.

À la question de savoir quelles étaient les raisons sérieuses motivant cette décision des élus, M. Loiselle a dit qu’il ne le savait pas. «Allez leur demander», a-t-il enchaîné.

«Monsieur Loiselle vous a menti», a répliqué le maire Alexandre Cusson. «La convention collective nous oblige, dans le cas d’un congédiement, à aviser l’employé et le syndicat de l’ensemble des motifs et des éléments qui sous-tendent cette recommandation. C’est ce que la Ville a fait la semaine dernière. M. Loiselle est donc au courant.

«Maintenant, ce dossier étant judiciarisé, on ne peut pas tout dire pour le moment. Les citoyens qui payent des taxes s’attendent à ce que le travail de l’administration soit bien fait. La SQ a abandonné la poursuite criminelle mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas matière à congédiement. Nous avons fait appel à des firmes spécialisées en informatique et en droit du travail et nous croyons que les gestes qui ont été posés par cet employé avaient de quoi mener à notre décision. Et en ce qui concerne l’implication de la SQ, elle n’est peut-être pas terminée», a donné à entendre le maire Cusson, rappelant que l’informatique, qui contient des données sur les citoyens, est un secteur très sensible de l’administration municipale.

Le maire a bien sûr remarqué la forte présence de syndiqués dans la salle du conseil. «J’y ai vu une démonstration de force à l’aube des négociations pour le renouvellement de la convention collective. Ce qui est dommage, c’est que le syndicat se trouve à créer deux groupes car je peux vous dire qu’il n’y avait ce soir aucun employé du service informatique. Ceux-là ne sentent pas qu’ils ont l’appui de leur syndicat. Nous, on n’acceptera pas l’inacceptable», a tranché Alexandre Cusson.

Ghyslain Coderre, président du syndicat des cols bleus, a suivi au micro pour faire savoir que le climat de travail était «exécrable» selon lui. «Il n’y a pas de sentiment d’appartenance, il y a un manque de communication et les ressources humaines sont toujours du côté de l’employeur. Dans un sondage que nous avons mené, 80 % des employés des travaux publics sont insatisfaits», a-t-il lancé.

Le maire Cusson a expliqué aux journalistes au terme de l’assemblée qu’il y avait des absences, une douzaine selon lui, liées à des maladies psychologiques. «On fait référence aux absences. On ne peut pas imputer à l’employeur des absences pour des congés parentaux. Quand il y a une absence pour une maladie dite psychologique, la compagnie d’assurance se retire et c’est la CNESST qui s’occupe de la question. Actuellement la Ville compte 400 employés et une douzaine sont en arrêt de travail pour des maladies dites psychologiques. Il n’y a aucun employé absent que les compagnies d’assurance ont jugé que le motif était fortement lié au travail».

Pour la suite des choses, M. Loiselle, qui s’attend à ce que le poste en question devienne un poste de cadre, souligne que des mesures syndicales pourraient être prises. «Si on peut le contester, on va le contester», a-t-il dit.

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