Le CNIMI : marier l’économie et l’éducation supérieure

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Par Jean-Pierre Boisvert
Le CNIMI : marier l’économie et l’éducation supérieure
Gerry Gagnon (Photo : Jean-Pierre Boisvert)

Centre national intégré du manufacturier intelligent. Il faudra s’habituer à ce nom qui sera celui du deuxième pavillon du campus de l’UQTR à Drummondville dont l’ouverture est sérieusement envisagée pour 2020, au coût de 22 millions $.

Le CNIMI, pour les intimes, aura pour mission de faire vivre et évoluer sous un même toit des forces vives de l’économie et de l’éducation supérieure.

Selon Gerry Gagnon, qui est le coordonnateur du projet sur une base permanente, l’idée a été très bien acceptée par les grands industriels de la région drummondvilloise.

«Au début, en 2016, il y a eu une consultation initiée par la Ville, la SDED, l’UQTR, le Cégep et la CCID, la démarche visant à préparer le choc inévitable entre l’éducation et l’économie. Des industriels ont été contactés et ils ont vu rapidement les possibilités que cette initiative pouvait leur apporter pour répondre à leurs besoins. Ce sont des gens de vision. Depuis ce temps, les fondations de l’UQTR et du Cégep ont obtenu des ententes conditionnelles avec le secteur privé, de sorte qu’on peut avancer que le projet sera financé à 42 % par le milieu, soit 9 M$ en fonds privés et en équipements de partenaires privés, et 13 M$ (58 %) du gouvernement. Ce qui veut dire que pour chaque dollar investi par le gouvernement le secteur privé injectera 0,73 $, un ratio très élevé pour un projet de cette nature», indique l’ancien président de la CCID.

Celui-ci souligne avec enthousiasme que le CNIMI a l’appui d’un des principaux acteurs en innovation technologique au Québec, à savoir le CRIQ (Centre de recherche industrielle du Québec), lequel relève du ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation (MESI). Le CRIQ a d’ailleurs annoncé publiquement son intention de mettre une antenne de son organisation à Drummondville.

Quatre composantes

Le CNIMI comprend quatre composantes : le Centre intégré de formation en génie et en gestion; le Centre interordres de recherche et de transfert en manufacturier intelligent; le Centre d’excellence en productivité manufacturière et le Centre d’entrepreneuriat et d’innovation manufacturière.

«Pour donner un exemple concret, supposons qu’un entrepreneur de Drummondville a besoin d’une nouvelle pièce fabriqué à partir d’un matériau non-conventionnel. Il pourra s’adresser au CNIMI pour faire des recherches afin de l’aider à aller plus vite dans le développement. Il ne sera pas obligé de se rendre à Montréal, à Québec ou à Sherbrooke. Il trouvera ici, à Drummondville, les services d’un accélérateur de recherches. Même chose pour un homme d’affaires qui veut se porter acquéreur d’un robot. Au lieu de se fier aux fournisseurs qui ont chacun le meilleur produit évidemment, il pourra obtenir chez nous un avis neutre qui lui fera une recommandation objective. On aura sous la main des ingénieurs et des techniciens tout en sachant qu’on pourra les retenir dans notre région. Et on sait que des industries comme Soucy et Soprema ont besoin d’ingénieurs», de rappeler Gerry Gagnon.

«Il faut favoriser, dit-il, la transition vers la fabrication intelligente et renforcer les perspectives d’avenir du secteur manufacturier. Accroître la compétitivité des entreprises, favoriser les investissements privés, stimuler l’innovation de procédés et de produits; voilà la vision du CNIMI. Et c’est bien parti. L’UQTR et le Cégep de Drummondville ont déjà reçu le feu vert du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MÉES) pour démarrer les travaux des deux premières composantes, soit le Centre intégré de formation et le Centre interordres».

La Ville de Drummondville a déjà consenti une somme d’un million de dollars dans le projet, pour lequel les fondations de l’UQTR et du Cégep ont entamé une levée de fonds. Des équipementiers sont d’ailleurs intéressés à fournir de la technologie qui, grâce à cette vitrine, sera vue par les industriels. Cela aura une valeur de quatre millions de dollars selon M. Gagnon, dont le salaire est défrayé par l’ADRIQ (Association pour le développement de la recherche et de l’innovation du Québec).

Le deuxième pavillon du campus de Drummondville sera évidemment plus petit que le premier. «Il aura environ le tiers de sa superficie et il sera construit beaucoup plus rapidement. Son emplacement est déjà prévu juste à côté du pavillon actuel. Pour les emplois créés, nous sommes justement rendus à en faire l’évaluation», mentionne celui qui a quitté son emploi chez Deloitte pour se donner à temps plein à la réussite de cette initiative.

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