La DPJ écorchée une fois de plus

La DPJ écorchée une fois de plus
L’enquête au sujet des pratiques de la DPJ n’est pas terminée. (Photo : (Photo : Ghyslain Bergeon))

JUSTICE. La juge Marie-Josée Ménard de la Cour du Québec «demeure sans mot», après avoir constaté les manquements de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) de la Mauricie et du Centre-du-Québec, dans un dossier impliquant une enfant âgée entre 6 et 11 ans.

Dans son jugement prononcé le 30 août dernier au Palais de justice de Drummondville, la juge a ordonné qu’un blâme soit adressé au Directeur de la DPJ pour avoir «omis de traiter deux signalements en lien avec des mauvais traitements psychologiques subis en famille d’accueil».

En 2015, le Directeur de la DPJ avait été informé que le père d’accueil avait dit à l’enfant «Toi ferme là, tu n’as pas ton mot à dire […] On t’as-tu demandé quelque chose à toi, miss sans talent […] Tu es rien qu’une voleuse et une menteuse» (sic).

Le Directeur de la DPJ n’avait pas fait de cas de l’événement, après les explications du père qui s’était justifié en plaidant que son humour était «parfois malhabile et sarcastique».

L’enfant a été laissé à lui-même dans une famille d’accueil «dysfonctionnelle et toxique» pendant six ans, a remarqué la juge Marie-Josée Ménard. Cette dernière a ajouté que la situation représentait un cas de «négligence institutionnelle» de la part de la DPJ.

«Échec lamentable»

Le Tribunal déplore également que le Directeur de la DPJ «ne fait rien» de concret pour mettre un terme à la pratique des parents qui embarraient l’enfant dans sa chambre. Le père d’accueil expliquait cette pratique «par le fait que personne ne peut leur garantir que l’enfant ne tue pas leur fille biologique». Les parents d’accueil songeaient à adopter le frère biologique de la jeune enfant, sans adopter cette dernière.

La magistrate a qualifié le passage de l’enfant en famille d’accueil «d’échec lamentable». Cette dernière a subi des problèmes de développement, en raison de cette période de sa vie. Une psychologue a mentionné que l’enfant vivait de la «détresse psychologique» en raison d’un sentiment de rejet et à la «non-réponse de ses besoins affectifs». Cette détresse provenait de sa jeunesse et de son passage en famille d’accueil.

L’enfant en question est aujourd’hui âgée de 12 ans et fréquente un centre de réadaptation de type intermédiaire. Le Tribunal a souligné que cette transition a favorisé «un apaisement majeur de ses difficultés». Il s’agit du troisième jugement accablant rendu au sujet de la DPJ. Rappelons qu’une enquête de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse sur les pratiques DPJ de la Mauricie et du Centre-du-Québec n’est toujours pas terminée. Depuis quatre ans, près de 38 enfants auraient  eu accès à des services «déficients».

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