«Personne ne m’avait dit que c’était un long fleuve tranquille» – André Lamontagne

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Par Jean-Pierre Boisvert
«Personne ne m’avait dit que c’était un long fleuve tranquille» – André Lamontagne
André Lamontagne. (Photo : (Photo d'archives))

JOHNSON. En raison de son expérience dans les affaires, André Lamontagne a de la misère avec les délais imposés par la bureaucratie gouvernementale et sa volonté d’en venir à bout a beaucoup à voir avec sa présence en politique.

Le député sortant pour la Coalition avenir Québec (CAQ) dans Johnson en connaît un rayon dans le domaine de l’entrepreneuriat. Il a été, avant son élection en 2014, propriétaire, partenaire et administrateur de plusieurs entreprises privées et sociétés œuvrant dans les secteurs du commerce au détail, de la technologie, de l’aviation et du conseil en gestion.

«Je n’accepte pas les délais», laisse-t-il tomber au milieu d’un entretien avec L’Express dans le local commun des deux candidats de la CAQ sur la rue Heriot. «Les entrepreneurs détestent les délais qui leur font perdre du temps. Quand tu es dans les affaires, tu as un sentiment d’urgence, pour faire aboutir rapidement les démarches visant à obtenir les autorisations des différents ministères. Ce n’est pas normal que ça prenne 130 jours quand ça aurait dû prendre seulement 30 jours. Au sein de l’équipe de la CAQ, il y a plusieurs candidats et candidates qui ont cette fibre entrepreneuriale et ils sont conscient de ça».

Un peu dans le même ordre d’idée, celui qui a été nommé porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’économie, d’innovation et d’exportations, considère que la machine gouvernementale ne se donne pas les moyens de mesurer les suivis menant à la réalisation des projets.

«On ne mesure pas l’avancement des dossiers. Les ministres annoncent des projets pour dans six mois, mais ils ne savent pas où en est le cheminement à mi-chemin. Comment veux-tu qu’on sache si les ministères vont atteindre leurs cibles. C’est parce qu’aucune mesure n’est faite en cours de route. Quand un couple projette d’acheter une maison, il me semble que c’est bon de savoir, à un moment donné, si on est proche d’y arriver. Moi, je suis pour l’instauration d’une culture de la mesure», lance-t-il.

Parler d’un bilan des quatre dernières années d’André Lamontagne en politique ne peut faire abstraction du drame qui a touché sa famille lorsque sa conjointe, Kristine Puspurs, lui a appris, six mois après son élection, qu’elle était atteinte du cancer. Elle est décédée en février 2017, après un combat de plus de deux ans. Le politicien est réticent de discuter de cette tragédie qui a aussi bien sûr marqué ses deux jeunes filles.

«J’ai pu me rendre disponible malgré tout. J’ai constaté qu’un député peut retirer une grande satisfaction à aider, à faire réaliser des dossiers, soit en les mettant sur le radar des ministres, soit en collaborant activement avec les gens du milieu».

De là à s’imaginer au pouvoir pour prendre les décisions, il n’y a qu’un pas. «Bien sûr qu’il y a une opportunité historique pour le Québec de se donner un tout nouveau gouvernement en 40 ans… et de faire mieux qu’être dernier au Canada lorsque l’on se compare aux autres provinces. En 2003, quand les libéraux ont pris le pouvoir, le Québec était 4e au Canada pour la richesse par habitant, aujourd’hui on est 7e. Le Québec était 4e pour le revenu moyen en 2003, maintenant il est 6e. Nous avons le plus bas taux de croissance de la qualité de vie, nous avons le plus bas taux de productivité et nous avons le plus haut taux de décrochage. En 2003, le Québec recevait 42 % du montant total de la péréquation, en 2014 c’était 55 % et en 2019 ce sera 62 %. On ne peut pas être fier de ça. C’est une honte».

Il a évidemment été question de la présence de candidats provenant d’une autre circonscription, comme l’est présentement Diane Roy (PQ) dans Drummond/Bois-Francs et comme le fut André Lamontagne en 2014. Il habite d’ailleurs toujours à l’Île-des-Soeurs. «Je me souviens que j’avais loué une chambre au Dauphin deux jours après l’élection. J’ai été un mois sur la route. Je voulais m’imbiber et connaître des gens actifs dans la circonscription de Johnson. Je tenais à mettre une voix sur les affiches électorales. Je crois que les gens ont perçu que je ne racontais pas de bullshit, que je n’avais pas la langue de bois. Les gens le sentent ça».

Le député sortant n’est pas sans avoir remarqué la baisse de sa formation politique dans les récents sondages. «Il y a 125 comtés au Québec, je vais commencer par gagner le mien. S’il y en a 63 comme moi, nous formerons un gouvernement majoritaire. Il y a des soubresauts dans un campagne électorale, c’est comme ça. Il y a des fluctuations. Je suis un peu étonné de voir comment c’est interprété au jour le jour, on est parfois loin de l’enjeu fondamental qui est la formation d’un gouvernement, le changement de gouvernement. Mais personne ne m’avait dit que c’était un long fleuve tranquille».

 

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