Milieu scolaire : l’urgence d’investir dans la brique et le béton

Photo de Jean-Pierre Boisvert
Par Jean-Pierre Boisvert
Milieu scolaire : l’urgence d’investir dans la brique et le béton
Jean-François Houle (Photo : Archives - Ghyslain Bergeron)

ÉLECTIONS. «Je suis très inquiet de voir le saupoudrage des promesses des partis politiques visant le milieu de l’éducation. À Drummondville, nos besoins les plus urgents sont dans la brique et le béton. D’ici cinq ans, il faudra accueillir 1000 élèves de plus au secondaire et 300 de plus au primaire. Où va-t-on les mettre? Nos projets de construction d’écoles ont été refusés».

Le président de la Commission scolaire des Chênes (CSDC), Jean-François Houle, a des attentes bien précises à l’endroit du gouvernement qui sera formé au lendemain des élections du 1er octobre prochain.

«J’ai entendu beaucoup de promesses dans la présente campagne électorale, comme diminuer les frais des parents, ajouter des ressources, se priver d’une grosse partie des revenus de la taxe scolaire et créer la maternelle à quatre ans… mais la réalité ici c’est qu’on a besoin de deux écoles, une pour le secondaire et une pour le primaire. Nos estimations de notre future clientèle, bien que sous-estimées comme toujours, sont validées par le ministère de l’Éducation, mais nos projets de construire deux écoles ont essuyé un refus», expose Jean-François Houle, arguant notamment une migration positive indéniable dans la région de drummondvilloise.

Selon lui, cette hausse de la clientèle n’arrivera pas d’un coup. «Elle sera graduelle. Dans deux ans, ce sont 500 élèves que nous allons devoir recevoir. On va manquer ce rendez-vous. Le ministère a validé nos chiffres, mais il n’y a pas assez d’argent dans le fonds de développement. Notre plan B, qui consiste à louer des espaces comme des modulaires, indique que ça coûtera 7 millions de dollars sur un horizon de deux à trois ans. Ce n’est pas comme si nos infrastructures étaient désuètes et avaient besoin d’être rénovées. Non, notre besoin de deux nouvelles écoles est seulement pour suivre la cadence démographique. Je vois les partis qui promettent de saupoudrer à gauche et à droite, on dilue beaucoup trop de cette façon», affirme le président de la CSDC, conscient de sonner l’alarme.

Celui-ci estime que le coût de la construction d’une école secondaire est de 42 millions $ et celui d’une école primaire de 17 millions $. «Juste pour nous autres, ça représente 60 millions de dollars et je n’ai pas parlé de l’école de Saint-Lucien (7 M$) et de la cuisine relocalisée de l’école Marie-Rivier (4 M$). Je sais bien qu’il y a 66 autres commissions scolaires au Québec et que chacune a ses besoins. En même temps, l’application du taux unique des taxes scolaires fera en sorte qu’il y a aura 600 millions $ perçus en moins cette année. Quant à la maternelle à quatre ans, on doit se poser la question : où on va les mettre? Et les profs, où je vais les prendre?

«Je crois, poursuit Jean-François Houle, qu’il faut amener un nouveau mode de pensée. Il faut voir l’éducation non pas comme un bien de consommation mais un bien public. Les parents ne sont pas des clients et le gouvernement n’est pas non plus un centre commercial. Personne ne prononce ces mots-là dans la campagne actuelle».

Pour ce qui est de la gouvernance scolaire, la CSDC a déjà fait savoir son opposition à l’abolition de la structure élective et le président de l’organisme ne cache pas sa crainte, si cela arrive, d’assister à une centralisation des décisions. «Au lieu d’une commission scolaire, on aura un centre de services…»

Partager cet article