Décès de Bernard Landry : des Drummondvillois attristés

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Par Jean-Pierre Boisvert
Décès de Bernard Landry : des Drummondvillois attristés
Bernard Landry (Photo : Archives)

Le décès de Bernard Landry a suscité de touchants témoignages à travers le Québec et la nouvelle a aussi attristé des gens de Drummondville qui l’ont bien connu.

Germain Jutras n’oubliera pas ses premiers pas de militant aux côtés de Bernard Landry, d’abord au sein de l’Association étudiante de l’Université de Montréal. «On a milité ensemble et il est devenu un grand ami. D’ailleurs, j’avais aimé son témoignage sur vidéo lorsque j’ai été nommé bâtisseur. Il était dévoué et très sollicité par des organismes à qui il ne disait jamais non. Il discourait sans note et il était très éloquent, convaincu et convaincant. D’ailleurs, lors de son débat contre Jean Charest en 2002, c’est bien parce qu’on lui a demandé de lire un texte qu’il a perdu ce débat. Il était en avance dans les sondages et on lui avait demandé de ne pas faire de vague. Prisonnier de son texte, il s’est incliné alors qu’il était un meilleur tribun que Charest», de faire valoir M. Jutras.

L’avocat drummondvillois avoue être triste quand il pense à la perte successive de trois grands hommes politiques : René Lévesque, Jacques Parizeau et Bernard Landry. «Quel trio extraordinaire ! Ils ont travaillé ensemble au sein du Parti québécois et ont été premier ministre du Québec. Le premier, grand humaniste, doué d’instinct politique, a su gagner la confiance du peuple, le second, brillant universitaire, connaissait les rouages de l’économie et savait s’en servir pour l’avantage du Québec. Le troisième a été le plus militant et le plus généreux de son temps pour aller convaincre partout en tout temps. Ces trois-là étaient animés d’un idéal. On ne les a pas vus président d’une compagnie après leur carrière politique. Ils n’étaient vendus à personne. Je peux témoigner de la sincérité de leur engagement».

Francine Ruest Jutras, qui était mairesse de Drummondville à une époque où M. Landry était premier ministre du Québec, se souvient d’un homme qui avait une foi inébranlable dans les capacités des Québécois de former un grand peuple.

«Bernard Landry parlait beaucoup d’économie mais il avait aussi un intérêt marqué pour le monde culturel. C’était un homme d’une grande culture. Il aimait les gens, il était simple, mais surtout il était d’une grande intégrité», a souligné Mme Ruest Jutras qui s’est rappelée une phrase que le célèbre économiste avait laissé tomber en visitant une usine à Drummondville, où se trouvaient déjà de nombreuses PME : «Quand je viens à Drummondville, je me sens comme un évêque à Rome…»

L’ex-député de Drummond et ancien ministre Normand Jutras n’a pu contenir quelques larmes quand L’Express lui a demandé, par téléphone, de commenter le départ de celui qu’il a considéré comme un grand ami. «Il est souvent venu à la maison. Il a marqué ma vie. Il était brillant et attachant. Toujours disponible pour ses députés, il rappelait chacun d’eux personnellement lorsqu’ils laissaient des messages au bureau du premier ministre. Il n’a jamais hésité à venir dans Drummond pour annoncer des projets qui ont créé des emplois et, dans ce sens-là, il m’a été d’un précieux secours. Il appréciait le talent des Québécois et il tenait à ce qu’ils s’épanouissent. Sa plus grande qualité au fil du temps a été sa fidélité. Un vrai homme de cœur. Dans ses discours, il venait te chercher tellement il avait le tour. Je me souviens de l’avoir entendu dire : la souveraineté elle n’est ni à gauche ni à droite, elle est en avant».

Pour Normand Jutras, qui fut ministre de la sécurité publique ainsi que ministre de la Justice et Procureur général durant sa carrière politique de 1994 à 2013, Bernard Landry a été un Grand québécois.

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