Crise au SIUCQ : refus d’aller servir au G7 à La Malbaie

Photo de Jean-Pierre Boisvert
Par Jean-Pierre Boisvert
Crise au SIUCQ : refus d’aller servir au G7 à La Malbaie
Le docteur Martin Sanfaçon (Photo : Ghyslain Bergeron archives)

Le SIUCQ connaît sa première crise administrative en 20 ans, avec le résultat que l’organisme est maintenant sans professionnels de la santé à la suite du départ du docteur Martin Sanfaçon et de deux de ses collègues.

Le Service d’intervention d’urgence civil du Québec (SIUCQ), fondé à Drummondville en 1998, avait été sélectionné au cours de l’hiver dernier à titre de responsable des soins médicaux pour les policiers assignés au G7 dans la région de La Malbaie. Mais, un mois et demi avant la tenue de l’événement, le conseil d’administration du SIUCQ a refusé de donner son aval, provoquant un profond sentiment de dépit, voire de découragement, au sein de l’équipe médicale.

Martin Sansfaçon a expliqué à L’Express comment il a vécu cette divergence avec les administrateurs du SIUCQ, qui a finalement mené à sa démission et à celles de son collègue médecin Simon Falardeau et de l’infirmière Manon Levesque qui est aussi son épouse.

«Après de nombreuses discussions avec le CIUSSS de Québec, on avait réussi à obtenir cette désignation pour servir d’équipe médicale auprès des forces policières. Notre tâche était de fournir des services durant six jours, à raison de 24 heures par jour, et, pour ce faire, nous avons fait des horaires impliquant deux médecins, six infirmières et une dizaine de bénévoles, tous de Drummondville. Ce qui a été difficile entre autres, ce fut de bousculer les horaires des infirmières à l’Hôpital Sainte-Croix. Nous étions motivés à l’idée que nous allions connaître une expérience sans précédent. Nous en étions aux dernières étapes qui consistaient à préparer nos trousses de soins, appréhendant qu’on aurait à soigner particulièrement des blessures à la tête», de raconter le docteur Sanfaçon. (NDLR : on sait maintenant que les manifestations n’ont pas été violentes)

Puis, à la fin avril, le conseil d’administration, dans une proportion de 4 contre 3, a refusé de donner son autorisation. «On s’est fait dire que ce n’était pas le rôle du SIUCQ d’aller ailleurs, que nous n’avions pas de garanties de sécurité. Mais nous avions tout évalué. Cette expérience nous aurait donné un rayonnement extraordinaire, procuré une source de motivation exceptionnelle pour ceux et celles qui travaillent au sein de l’organisme, incluant les bénévoles, et nous aurait permis de faire nos preuves tout en nous rapportant des profits qui auraient servi à améliorer nos équipements.

Le SIUCQ intervient régulièrement sur les sinistres.

«C’est un désaveu pour moi. Ce contrat nous aurait ouvert des portes et aurait permis au SIUCQ d’être reconnu comme un organisme de référence à l’échelle provinciale. Au lieu de ça, nous avons découragé des gens qui nous avaient fait confiance et avec qui les ponts sont dorénavant coupés. Je n’ai plus rien à espérer à la suite de cette décision. Je crois encore à la sécurité civile et au concept que nous avons mis sur pied, notamment avec notre autobus. Je quitte avec amertume, bien que je me suis enrichi avec de nombreuses expériences au fil des ans», a fait valoir Martin Sanfaçon qui ajoute qu’il a reçu des offres d’ailleurs.

Le médecin de 52 ans poursuivra son travail de coroner, en alternance avec Yvon Garneau, et continuera à soigner sa clientèle à Drummondville.

En recrutement
En conséquence de tout ça, la direction du SIUCQ entreprendra bientôt le processus d’affichage. C’est ce qu’a indiqué le directeur général adjoint Benoit Lacoste.

«J’espère que le poste de directeur médical sera comblé à l’automne. Si ce n’est pas un médecin, le titre sera de directeur des secours. Mais, en attendant, le SIUCQ est toujours en mesure de remplir ses missions. Nos antennes d’Arthabaska et de la Mauricie n’ont pas de professionnels de la santé et fonctionnent bien quand même. Nous sommes capables d’offrir les premiers soins et de prendre en charge les victimes de sinistres, en attendant les ambulanciers si la situation est grave», a tenu à préciser M. Lacoste.

Selon lui, personne ne souhaitait le départ de Martin Sanfaçon. «C’est malheureux. C’est un désaccord entre deux opinions. Moi je pense que c’était une bonne idée d’y aller. Mais certains n’ont pas apprécié de se trouver devant le fait accompli. Le projet a été présenté à la dernière minute. Il aurait été préférable qu’il soit présenté bien avant. D’autres ont argumenté qu’ils n’avaient pas assez d’informations pour prendre une décision éclairée. Il est vrai que notre participation aurait été une affaire payante», a reconnu le directeur général en poste depuis août dernier.

Qu’est-ce que le SIUCQ?
Le Service d’Intervention d’Urgence Civil du Québec est un organisme sans but lucratif offrant des services variés lors de situations menaçant la sécurité civile dans les territoires désservis. Il compte sur plus de 100 membres bénévoles disponibles en tout temps, plusieurs véhicules d’urgence et des équipements variés. Périmètre de sécurité, contrôle routier, services médicaux d’urgence, évacuations et recherche au sol sont parmi les principaux services dispensés par l’organisation.

Partager cet article