Cellulaire au volant: « Je constate que le message ne passe pas »,

Si vous perdiez neuf points d’inaptitude en vous faisant prendre au volant avec votre cellulaire que la police vous confisquerait pour une durée de 30 jours, en plus d’avoir à payer une amende de 115 dollars, est-ce que ça vous pourrait vous convaincre de ne plus l’utiliser en conduisant votre voiture? Le coroner Yvon Garneau répond oui à cette question.

C’est ce qu’il recommande dans son rapport d’investigation sur la collision survenue en octobre 2012 sur la route 122, à Saint-Guillaume, où Yves Vigeant, 51 ans, de Saint-Hyacinthe, et André Levasseur, 67 ans, de Sorel-Tracy, ont perdu la vie. Selon le coroner drummondvillois, «il est clair que la cause de l’accident est que monsieur Levasseur a été distrait en voulant répondre à son téléphone cellulaire et qu’il a ainsi dévié de sa voie, vers la gauche, et percuté de plein fouet le véhicule venant en sens inverse».

Me Garneau, qui a été interviewé sur toutes les tribunes au cours des dernières heures, dit avoir constaté que «le message ne passe pas. Les contraventions se multiplient et on ne fait qu’en jaser. Il est temps maintenant d’agir. Conduire trop vite, écrire des textos, ou avoir une main sur le téléphone et l’autre sur le volant sont toutes des infractions fréquentes tant chez les jeunes conducteurs que chez les moins jeunes et qui résultent, à mon avis, de la méconnaissance évidente des dangers liés à la conduite automobile. Je recommande à la Société de l’assurance automobile du Québec que le Code de la sécurité routière soit amendé afin que l’inscription des points d’inaptitude pour tout contrevenant à l’article 439.1 soit majorée à neuf points».

Selon lui, ce type d’infraction semble en hausse sans qu’on sache si ces chiffres représentent une augmentation du nombre de conducteurs fautifs ou une plus grande vigilance des corps policiers ou les deux. «Il s’agit toutefois de 155 infractions par jour et il est probable que ce nombre ne représente qu’une petite partie des infractions commises. Toute personne moindrement attentive circulant sur la voie public au Québec peut voir, chaque jour, des personnes conduisant et parlant en même temps dans un appareil tenu à la main et, même plus, être en train de texter au volant», fait-il observer.

Le rapport fait aussi mention du nombre d’infractions inscrites à la suite d’une condamnation à la SAAQ. Ainsi, il rapporte les statistiques suivantes : en 2008 : 18 248 infractions, en 2009 : 48 782, en 2010 : 50 141, et en 2011 : 56 598.

Selon le site web de la SAAQ, le rapport d’analyse d’un sondage réalisé par Léger Marketing à la suite de la campagne texto a révélé que : 53% des répondants avouent qu’il leur arrive de parler au téléphone cellulaire en conduisant; 26% de ceux-ci le font très ou assez souvent; 33% le font principalement avec un appareil tenu en main; 48% le font avec un système mains libres; 17% des répondants avouent qu’il leur arrive d’écrire ou de lire des messages textes en conduisant; parmi eux, près du quart le font très ou assez souvent; pourtant, de façon quasi unanime (99%), les répondants croient qu’écrire ou lire un message texte en conduisant est assez ou très dangereux et 80% estiment que parler au cellulaire l’est également.

Le coroner se dit par ailleurs en accord avec une recommandation de l’un de ses collègues prévoyant la confiscation pour trente jours du téléphone cellulaire de contrevenants. Peu de temps après, un autre coroner a recommandé le même type de confiscation.

Actuellement, un conducteur qui se fait prendre alors qu’il utilise son cellulaire est passible d’une amende de 115 $, et 3 points d’inaptitude sont inscrits à son dossier (sur un total de 15).

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