Archiferme : «une affaire de coeur», affirme Louis-Philippe Lévesque

Archiferme : «une affaire de coeur», affirme Louis-Philippe Lévesque
La passion pour l’agriculture a toujours été présente dans le cœur de Louis-Philippe Lévesque. (Photo : Frédéric Marcoux)

SAINT-MAJORIQUE-DE-GRANTHAM. «La volonté de travailler la terre était en moi depuis longtemps. Quand on est passionné, l’apprentissage se fait facilement. Mes mains savent travailler la terre, même si je ne viens pas du monde agricole. C’est une affaire de cœur et de passion», confie le propriétaire du jardin Archiferme, Louis-Philippe Lévesque. Ce dernier cultive 35 différents légumes et 50 cultivars pour une deuxième année consécutive.

L’agriculteur de 35 ans argue que dès son jeune âge, la volonté de nourrir sa collectivité sommeillait en lui. Après une décennie à voyager, il s’est senti prêt à se lancer en affaire. Un voyage en Mauritanie l’a particulièrement marqué en 2009.

«Avant, je n’avais pas du tout les mêmes valeurs, confie celui qui a étudié en tourisme d’aventure avant de devenir agriculteur. J’étais un jeune qui aimait faire le party. Les voyages ont comme enlevé ce côté “crasse” en moi. […] Mon inspiration est venue de mon voyage en Mauritanie, lorsque j’ai vu le jardin des femmes. C’était une femme mauritanienne divorcée, ce qui est très rare dans un pays musulman, qui a développé un projet dans une oasis pour que des femmes veuves ou orphelines puissent cultiver la terre et se dégager un revenu pour vivre.»

(Journal L’Express)

Son travail en tourisme l’a amené à vivre de sa passion de voyager pendant quelques années. Il a eu l’occasion de rencontrer quelques agriculteurs en vivant à l’étranger. Louis-Philippe a ensuite mis son plan à exécution, après plusieurs autres voyages, à son retour à Drummondville. Autodidacte, l’agriculteur a préféré se documenter par lui-même, plutôt que de retourner sur les bancs d’école, dans un programme agricole.

Une passion pour l’histoire

Celui qui cultive un acre de terre à Saint-Majorique-de-Grantham, sur une terre de deux acres prêtée par des amis de la famille, présente un intérêt marqué pour les pratiques agricoles ancestrales. Louis-Philippe Lévesque constate également que certains légumes et quelques pratiques agricoles ont été délaissés avec le temps.

Le passionné d’agriculture se fait donc un devoir d’offrir des produits plus rares à ses clients. Il mentionne «courir» les rassemblements d’agriculteurs qui offrent des produits particuliers, dans le but de réaliser des trouvailles. Même s’il n’a pas la certification biologique, puisqu’il ne ressent pas la nécessité de faire les démarches pour obtenir la désignation, il décrit ses pratiques comme étant «écologiques».  Par exemple, pour ne pas utiliser d’engrais chimique servant à éloigner les insectes de ses produits, il utilise une plante répulsive, comme la basilique, entre chaque plant de tomates.

Louis-Philippe Lévesque, avec l’aide de sept bénévoles, cultive tous les légumes à la main. Il utilise un tracteur deux fois par année pour effectuer quelques travaux. Hormis l’eau de pluie, il se garde une réserve d’eau potable à l’extérieur, ce qui permet d’évaporer le chlore du liquide, avant d’arroser ses

Louis-Philippe Lévesque est accompagné de sa conjointe Audrey Smith et de Julien Gagnon, un bénévole âgé de 16 ans. (Photo – Frédéric Marcoux)

produits en période de temps chaud.

L’agriculteur de 35 ans ne fera aucun profit encore cette année. Ses revenus couvrent tout juste ses dépenses. Chaque lundi, 20 familles de la  région viennent chercher leur panier de légumes. Pour le moment, Louis Philippe occupe également un emploi à la municipalité de Saint-Majorique-de-Grantham pour subvenir à ses besoins. Il ne cache pas son ambition de vivre de l’Archiferme dans quelques années.

«C’est certain que j’aimerais être en mesure d’en vivre, assure Louis-Philippe. Mon père qui était entrepreneur m’a toujours dit que ça pouvait prendre jusqu’à 10 ans pour être capable de vivre d’une entreprise. J’aimerais grossir quelque peu, mais je veux garder une dimension humaine pour continuer de travailler la terre à la main.»

Le côté social du jardin

Le partage des connaissances, le côté humain et le respect de la nature sont des valeurs essentielles à l’Archiferme. Louis-Philippe Lévesque a toujours senti le soutien de la communauté.

«Il y a des gens qui m’ont demandé s’ils pouvaient venir m’aider, se réjouit l’agriculteur natif de Drummondville. J’ai quelques jeunes de 14 ou 15 ans qui viennent m’aider bénévolement. J’aime ça, ils sont très allumés! Les plus vieux qui viennent visiter me le disent  “Ça, c’est un vrai journal comme dans mon temps” à cause de la variété des légumes. Je n’ai pas besoin d’aller au marché public, les gens ont le goût de venir dans mon jardin.»

L’Archiferme, une ferme urbaine, est présente pour une deuxième année consécutive à Saint-Majorique-de-Grantham. (Photo – Frédéric Marcoux)

L’agriculteur ressent le besoin de partager ses connaissances avec l’ensemble de la communauté. Le 18 août, il tiendra la deuxième édition de l’événement «Les grandes récoltes». Près de 200 personnes s’étaient déplacées l’an dernier, selon Louis-Philippe Lévesque.

«On fait des visites de jardin et je parle de mes démarches aux visiteurs. On peut récolter avec les enfants. Il y a un volet éducatif et collaboratif derrière ça. La nouveauté de cette année est que des chefs cuisiniers du milieu de la restauration seront présents pour montrer aux gens comment cuisiner avec les légumes.»

(NDLR) Tout au long de l’été, L’Express proposera à ses lecteurs de découvrir l’ensemble des municipalités de la MRC de Drummond, mais par l’entremise de producteurs locaux qui font dans la différence. Misant sur la qualité de leurs productions, ces passionnés de l’agriculture n’ont qu’un seul objectif : rehausser la saveur et les couleurs de vos assiettes estivales.

Partager cet article