À la rencontre de Kim Thuy, Patrick Senécal et Alain Labonté

À la rencontre de Kim Thuy, Patrick Senécal et Alain Labonté
Mariloup Wolve (Photo : Gracieuseté)

CULTURE. Dans le cadre de sa campagne de financement 2018, la section drummondvilloise des Impatients lance une invitation spéciale à la population, ce samedi 10 février de 14 h à 16 h, pour une rencontre avec les auteurs Kim Thuy, Patrick Senécal et Alain Labonté.  

Rappelons que la section locale des Impatients s’est fixé un objectif de 25 000 $ pour sa campagne 2018, argent qui est recueilli par la vente du coffret «Mille mots d’amour» et par d’autres activités,

Ce samedi 10 février, les auteurs Kim Thuy, Patrick Senécal et Alain Labonté rencontreront les gens à la librairie Renaud-Bray des Promenades pour faire la promotion du 10e coffret «Mille mots d’amour», un coffret qui renferme des lettres inédites écrites par de nombreuses personnalités.

Pour vous donner un avant-goût du contenu de ce 10e coffret, nous vous proposons, cette semaine, des lettres écrites par Mariloup Wolfe et Paul Arcand.

Je m’ennuie de toi – Mariloup Wolfe

Ton départ précipité me trouble encore. Je n’avais jamais imaginé un jour ta mort. À chaque jour depuis cinq ans, je pense à toi, chère Maman.

Certains choisissent d’être artistes, d’autres le sont par vocation. De Da Vinci à Dali, de Van Gogh à Picasso, tu fais partie des grands de notre temps. Créer, à chaque instant; créer, pour marquer le temps.

Je te vois encore dans ton atelier te bercer, penser, dessiner, sculpter, créer, toujours créer.

Je pense à ton sourire radieux et tes fous rires contagieux. Je me souviens de nos soupers à rire et s’obstiner. J’adorais notre complicité et nos discussions animées.

Je me rappelle ton odeur et ta grande douceur. Tu avais une poitrine réconfortante et une présence rassurante.

Je ne peux oublier les magnifiques yeux bleus et tous les petits moments où tu me jouais dans les cheveux. J’aimais tant quand tu me berçais, ce petit geste me réconfortait. J’ai encore en tête chaque détail de tes mains et de tes doigts. Je te vois encore boire du vin et partager ta joie.

Tu es pour moi un exemple de sagesse. Même si je n’ai pas la foi, plusieurs questions me traversent.

Il semble que pour plusieurs, la maladie fasse partie de leur vie. Tu étais quelqu’un de très intérieure qui devait cacher toute sa frayeur.

J’avoue que je suis un peu fâchée que fumer t’ait emportée.

Cancer de l’âme bien avant cancer du corps qui gruge comme des lames et qui entraîne vers la mort.

Tu étais et tu es encore dans mon cœur la meilleure maman du monde. Tu étais un de mes bonheurs toi, ma belle blonde.

Tout ce petit poème pour te dire simplement «Je t’aime». Et pour une dernière fois Maman, je m’ennuie de toi.

Ma lettre d’amour – Paul Arcand

Paul Arcand (Gracieuseté)

Je ne sais pas comment te le dire.

Je suis certain de ne pas choisir les bons mots. J’ai beau jongler, je sens que ma lettre ne sera pas à la hauteur.

On se fréquente depuis des années. J’avais 30 ans quand tu m’as connu. Tu m’as imposé à tes enfants. Un classique ! L’étranger qui débarque et qu’ils n’ont pas envie d’entendre. Tout sauf moi. Tu es pugnace, tu as fait à ta tête et je suis encore là avec toi.

Et pourtant. Je ne suis pas toujours très drôle, il m’arrive d’être un peu grognon, de parler fort, mais je crois m’être amélioré au fil des années. D’être un peu plus vivable, cala dit en toute modestie.

Quand on se retrouve face à face, on dirait que tu es gênée. Ton regard me suit. Tu t’approches, tu rougis puis, soudainement, tu tournes les talons.

Je ne comprends pas. Nous avons une relation tellement intime. Tu me laisses te réveiller le matin. Parfois, tu me traînes jusqu’à la douche avec toi. Nous sommes inséparables. On déjeune ensemble, il n’y a que moi qui parle. Je te laisse conduire pour aller au travail. Je sais, c’est routinier, mais chaque nouveau matin n’est jamais tout à fait pareil au précédent.

J’adore te faire des surprises.

Alors la prochaine fois, dis-moi quelque chose.

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