Des rives de la Nicolet au bord de l’océan Atlantique

Des rives de la Nicolet au bord de l’océan Atlantique

OLYMPIQUES. Hugo Houle a profité pleinement de sa première expérience olympique, lui qui ne se serait jamais douté qu’il allait un jour participer aux Jeux olympiques quand il s’est mis au vélo durant son adolescence.

Le tout a commencé quand il était âgé de 11 ans et que ses parents ont décidé de l’inscrire dans une équipe de triathlon de Drummondville, en compagnie de son frère. «J’étais trop tannant et il fallait que je dépense mon énergie», a-t-il confié au Le Courrier Sud alors qu’il était revenu en France après sa performance à Rio de Janeiro.

Ce n’est que vers l’âge de 16 ans qu’il s’est consacré au vélo, un sport qui l’allumait davantage parmi les trois disciplines du triathlon, et parce que ça devenait difficile de se déplacer plusieurs fois par semaine pour s’entraîner à la piscine.

Il s’est mis à enfiler son vélo et faire régulièrement une boucle d’environ 50 kilomètres entre son Sainte-Perpétue natal et Nicolet, passant souvent par La Visitation pour longer la rivière. Un parcours qu’il trouvait particulièrement beau.

«Au départ, c’était pour le plaisir, mais comme je suis de nature compétitive, je m’y suis mis plus sérieusement», continue l’athlète, qui fait maintenant des parcours d’entraînement qui vont jusqu’à 200 kilomètres en tentant de rattraper un scooter!

Quand il s’est mis à la compétition de cyclisme, il y a une dizaine d’années, jamais au grand jamais il ne pensait qu’un jour il représenterait le Canada aux Jeux olympiques. «Ça s’est fait naturellement, dans mon cheminement. Graduellement, j’ai progressé chaque année, pour atteindre ce niveau», souligne-t-il.

«C’est à partir de l’an dernier que j’ai commencé à y penser. J’ai été très chanceux de vivre ça. Ça n’a pas été facile, parce qu’il y avait plein de bons candidats, admet le cycliste de Sainte-Perpétue. Je suis très content. Pour 2016, une bonne partie de mes objectifs sont accomplis.»

Pas de pression

Comme il ne visait pas un podium à Rio, étant donné son jeune âge, Hugo Houle admet qu’il ne s’était pas mis de pression particulière pour ses premiers Jeux olympiques, lui qui était surtout venu pour prendre de l’expérience.

Il faut dire qu’à seulement 25 ans, Hugo Houle est toujours en progression et ce n’est qu’au cours de ses deux prochaines aventures olympiques qu’il aura atteint la maturité physique et qu’il sera à son apogée comme cycliste.

Il est tout de même fier de la course du contre-la-montre qu’il a complété en une heure, dix-sept minutes et deux secondes, croisant le fil d’arrivée au neuvième rang provisoire avant de finalement glisser au 21e rang.

Il s’agit, selon ses dires de sa meilleure performance à vie, lui qui a atteint une puissance développée de 400 watts, une augmentation de 30 watts. «J’ai déjà atteint 400 watts, mais jamais sur une aussi longue distance, indique-t-il. J’aurais aimé avoir un meilleur résultant, et finir dans le top 10 ou le top 20, mais… c’est facultatif.»

Hugo Houle sait maintenant ce qu’il lui faudra pour être parmi les meilleurs au monde et le niveau qu’il aura à atteindre au cours de ses deux prochains cycles de quatre ans, lui qui prévoit être à son meilleur en 2020 et en 2024. Des Jeux auxquels il devrait aussi prendre part, si tout va bien.

«Fabian Cancellara (le médaillé d’or du contre-la-montre) a atteint 460 watts en puissance développée, indique-t-il. Par rapport à l’an dernier, j’ai pris 15 watts, mais ça ne veut pas dire que ce sera toujours comme ça. Je vais essayer de gagner cinq à dix watts par année.»

Hugo Houle croit que son passage à Rio devrait l’aider pour ses prochains Olympiques. «Il y a beaucoup de distractions et d’effervescence. J’ai vu ce que c’était comme organisation, ce que ça représente, explique-t-il. Ça m’a appris à gérer la pression, même si je ne m’en étais pas mis beaucoup, et comment me préparer.»

Il a aussi pu voir que la course sur route ne se fait pas de la même façon que sur le World Tour sur lequel il court habituellement avec AG2R La Mondiale. «On ne court pas de la même façon, parce qu’on est par pays et ce sont de plus petites équipes», souligne celui qui a finalement abandonné l’épreuve pour conserver ses énergies.

Le cycliste est d’ailleurs revenu sur ses propos concernant la sécurité du parcours. «Ç’a été un peu extrapolé, admet-il. Il n’y avait pas de problème de sécurité. Il y avait une descente abrupte suivie d’une bande de béton sur laquelle une cycliste a chuté, mais c’était correct. C’était un parcours très technique, avec des risques, mais tout était en règle».

La vie à Rio

Les dix jours qu’il aura passés à Rio resteront certainement gravés dans la mémoire d’Hugo Houle. Il a pu côtoyer les meilleurs au monde de toutes les disciplines dans le village olympique, et croiser des athlètes avec des morphologies très différentes.

La menace du virus Zika était bien sûr une préoccupation et, comme tout le monde, il a dû prendre ses précautions. «Je n’ai aucun symptôme, mais on ne sait jamais, mentionne Hugo Houle. Ç’a soulevé des questionnements, mais rien pour m’empêcher de réaliser mon rêve olympique.»

Hugo Houle a aussi apprécié l’esprit qui régnait au sein de la délégation canadienne. «On avait un lounge où on pouvait discuter avec d’autres athlètes qui nous expliquaient leurs disciplines. J’ai appris toutes sortes de techniques de judo», indique-t-il.

«C’était le fun de s’encourager entre nous. Sans se mettre de pression, on espérait le meilleur pour chacun», continue celui qui a assisté aux compétitions de plongeon synchronisé, en compagnie de son colocataire et coéquipier Antoine Duchesne, et vu le Canada décrocher une médaille.

Le cycliste n’aura toutefois pas eu l’occasion de prendre part aux grandioses cérémonies des Jeux de Rio, lui qui était en compétition tôt le lendemain matin de l’ouverture des 31es olympiades. «Même si j’avais voulu, c’était interdit. Parce que c’est très long et très fatigant pour les athlètes, explique-t-il. J’ai reçu mon habit de cérémonie comme les autres, mais je ne l’ai jamais mis. Comme je suis revenu en France, je ne reviendrai pas au Brésil pour la cérémonie de clôture.»

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