La mort clinique de Gabrielle Fréchette a changé sa vie

La mort clinique de Gabrielle Fréchette a changé sa vie
Au centre

DRUMMONDVILLE. Après des années à se sentir humiliée, Gabrielle Fréchette a enfin pu exposer, cet après-midi, sa version des faits entourant la mort de Chantal Lavigne, le 29 juillet 2011. Selon elle, des informations mensongères, sinon exagérées, ont été véhiculées depuis les événements.

Native d’Asbestos, Gabrielle Fréchette a vécu une jeunesse traumatisante. En plus d’être victime d’inceste, elle a subi les comportements déviants d’un père pédophile, alcoolique et extrêmement violent.

Pour ces raisons, notamment, elle a quitté l’école avant la fin de son troisième secondaire. Toutefois, durant ses années scolaires, l’étudiante faisait partie des «Jeunes du monde», qui cherchaient à semer le bien dans la communauté d’ici et d’ailleurs.

Lorsqu’elle s’est retrouvée de façon hâtive sur le marché du travail, elle a occupé divers boulots où elle s’est rapidement vu confier de plus en plus de responsabilités. Entre-temps, elle a suivi les cours de personnalité de Sylva Bergeron. Il s’agit, à son avis, de la base en matière de croissance personnelle.

Famille et engagement communautaire

En 1980, Mme Fréchette s’est mariée à un comptable qui oeuvrait dans le milieu agricole. Durant la douzaine d’années qu’a durées cette union, deux enfants ont vu le jour, alors que le couple était établi à Victoriaville.

Cette mère de famille était engagée au sein de plusieurs organisations. «J’ai toujours été de nature très impliquée. C’est ma caractéristique depuis que je suis toute petite», insiste-t-elle.

Que ce soit au sein de Parent ressource, de Halte Bois-Francs, d’Espace Bois-Fancs ou de La Source des Bois-Francs, pour nommer que ces derniers, Mme Fréchette a offert son temps bénévolement et s’est créé un bon réseau de connaissances dans le milieu communautaire.

Les tristes réalités des usagers qui font appel à ces organismes lui rappellent les cauchemars de son passé. «Le premier besoin de m’impliquer était de me sauver, moi. C’est comme si c’est moi que je ramassais à la petite cuillère», a-t-elle commenté.

Morte cliniquement

En janvier 1989, elle a subi une intervention chirurgicale mineure, dans un hôpital de Montréal. Celle-ci a été quelque peu retardée puisque, selon son témoignage, le personnel médical refusait de l’endormir en raison de son taux d’enzyme qui était trop élevé. Comme les tests n’ont rien révélé d’anormal, l’opération a finalement eu lieu, au cours de laquelle Mme Fréchette serait cliniquement morte pendant huit minutes.

Lorsqu’elle a repris ses esprits, la mère de famille n’était plus la même. «J’étais complètement déboussolée», s’est-elle rappelée. Ses perceptions et sa manière de pensée n’avaient plus rien à voir avec l’ancienne Gabrielle.

Les deux années qui ont suivi se sont avérées très ardues. «Je vivais un changement profond à l’intérieur et j’ai eu énormément de difficulté à m’adapter», a poursuivi celle qui a finalement divorcé.

Nouvelle vie

C’était le début d’une nouvelle vie. Après être retournée sur les bancs d’école pour obtenir son diplôme d’études secondaire, cette femme a entrepris une formation poussée en Reiki. Sa quête l’a conduite à voyager aux quatre coins du globe, que ce soit en Australie, aux Philippines et en République dominicaine. «J’ai investi 56 000 $ en un an et demi de formation», a-t-elle illustré.

Parallèlement à ce cheminement, Mme Fréchette était entourée d’un grand nombre de personnes qui lui demandaient conseil et lui partageaient des confidences. Pour se sortir de ce tourbillon qui, aux dires de cette dernière, pouvait la tenir occupée jour et nuit, elle a choisi d’accorder son temps sous forme de consultations, moyennant un coût symbolique.

L’essentiel de sa démarche en est une de responsabilisation. «Je peux être victime d’inceste et de viol toute ma vie», donne-t-elle en exemple. Or, celle-ci a décidé d’exercer du pouvoir sur ce qu’elle peut changer : elle. Voilà le message qu’elle transmet aux gens qui se font de plus en plus nombreux à recourir à ses services.

Les «huttes» de sudation

En 1999, elle a acheté une ancienne école de rang à Sainte-Hélène-de-Chester, située au cœur d’un superbe domaine. Une fois l’immeuble rénové, ce dernier a été transformé en centre de thérapie, qu’elle a géré à «bout de bras», comme elle dit, pendant quelques années.

Durant cette période, elle fréquentait un homme originaire de France qui l’a amenée à voyager régulièrement au sein de ce pays. C’est alors qu’elle a fait la connaissance du chaman Patrick Dacquay (www.patrickdacquay.com). C’est celui-ci qui lui a enseigné les rudiments des «huttes» de sudation. Mme Fréchette l’invitait à son centre de thérapie. «Petit à petit, j’ai intégré la matière», met-elle en contexte.

En résumé, l’objectif des «huttes» de sudation est d’amener un niveau de conscience qui permet au participant de se libérer des traces physiques, psychiques, émotionnelles ou sensorielles des blessures ancrées. «C’est inscrit en nous. Le corps enregistre tout», croit Mme Fréchette. Cette adepte en a expérimenté de toutes les sortes. «J’en ai même vécu une de près de 24 h», a-t-elle assuré.

Tous avaient déjà vécu l’expérience

D’ailleurs, tous les participants au séminaire de juillet 2011, à Durham-Sud, avaient déjà expérimenté les «huttes » de sudation. «Les notions de base, tout le monde les avait», a tenu à préciser celle qui limite à 45 minutes la durée de la première expérience. «J’étais totalement consciente du cheminement de chacun », a-t-elle ajouté.

Dans le cadre du séminaire «Mourir en conscience », la séance de sudation devait couronner les apprentissages réalisés durant les deux semaines de formation, qui appelait notamment les gens à identifier des comportements ou secrets qu’ils aimeraient voir mourir.

Elle affirme avoir donné à tous, la veille, les consignes pour les préparer à cet exercice, soit de se reposer, de bien s’hydrater et de bien se nourrir, sans surcharger l’estomac.

«Ce n’était pas suer pour suer », a-t-elle lancé, détaillant en salle d’audience chaque étape du rituel, qu’elle semblait connaître par cœur.

«Mourir, c’est accepter de lâcher prise sur des éléments intérieurs à nous-mêmes qui prennent du pouvoir sur nous », a-t-elle tenté d’expliquer à la juge Hélène Fabi.

 

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