Le poète et chanteur Julos Beaucarne au sentier poétique

Par Maxime Rioux
Le poète et chanteur Julos Beaucarne au sentier poétique

Le week-end dernier, le chanteur et poète belge Julos Beaucarne était de passage au Sentier poétique et d’interprétation multimédia (SPIM) du Village québécois d’antan (VQA) dans le cadre de l’inauguration officielle de la stèle qui lui rend hommage.

Souvent comparé à un «Gilles Vigneault de la Belgique», Julos Beaucarne poursuit une carrière amorcée en 1964. Conteur, poète, comédien, écrivain, chanteur et sculpteur, il est considéré comme l’un des plus inspirants ambassadeurs de la langue française à travers le monde.

Auteur de 49 disques, 31 livres et 3 films, Julos Beaucarne mène une carrière aux quatre coins de la francophonie depuis presque 50 ans. Il est également considéré depuis longtemps comme un véritable apôtre de l’écologie.

Dimanche dernier, l’homme de 76 ans était de passage à Drummondville afin de découvrir la station mise sur pied afin de lui rendre hommage. L’homme de lettres a aussi pu voir les nombreuses autres stations qui jalonnent le sentier dont l’entrée se trouve juste derrière la chapelle du VQA.

Durant l’événement, l’homme de lettres n’a pas fait de discours officiel, mais y est allé d’une discussion ouverte avec les gens présents.

Cependant, plusieurs personnes présentes ont pris la parole, notamment le fondateur du SPIM, Jean-François Champagne-Bélanger, et le député de Johnson à l’Assemblée nationale, whip en chef du Parti québécois et responsable de la région Mauricie-Centre-du-Québec, Yves-François Blanchet, qui a fait valoir l’importance de reconnaître le talent de «ces artistes qui font voyager la langue française».

Quant à Denis Lambert, poète de Drummondville qui contribue au SPIM depuis les débuts, il était visiblement heureux de faire partie du comité organisateur de cet événement fort particulier.

«Le texte choisi pour la stèle de M. Beaucarne s’intitule Lettre ouverte, a-t-il fait savoir à L’Express. Son compatriote belge Bruno Heureux nous l’a suggéré. Cette poésie appelle à s’aimer à tort et à travers. Elle a été composée le soir du 2 février 1975 après qu’un fou eut assassiné la femme de Julos, Louise-Hélène Brabant. Ce texte a fait le tour du monde.»

Le neveu de Félix Leclerc, Gaétan Leclerc, connu pour interpréter de fidèle façon l’œuvre de son illustre oncle et ainsi continuer de propager sa parole et ses chansons, n’a pas voulu manquer cet événement.

«Il y a quelques années, j’ai eu la chance de côtoyer Julos en Europe dans le cadre d’une émission de télévision. Nous avions bien ri ensemble. C’est un homme extraordinaire et d’une grande simplicité», a-t-il donné à entendre.

Par ailleurs, un jeune violoniste fort talentueux et qui fréquente l’école secondaire Jean-Raimbault, Wilhelm Magner, a joué une pièce pour M. Beaucarne lors de l’inauguration. Lors de sa courte prestation, ce jeune homme de 12 ans a mérité l’attention de tous les gens présents et provoqué les applaudissements de tous, notamment d’un Julos Beaucarne visiblement touché.

Fait à souligner, le premier spectacle au Québec de Julos Beaucarne a été présenté au début des années 1970 à… Drummondville!

Il est possible de voir la stèle de M. Beaucarne (et toutes les autres) en empruntant le Sentier poétique et d’interprétation multimédia du Village québécois d’antan.

«Lettre ouverte», écrite par Julos Beaucarne, dans la nuit qui a suivi le meurtre de sa femme par un déséquilibré (nuit du 2 au 3 février 1975). Ce texte figure désormais sur la stèle de l’artiste se trouvent sur le Sentier poétique et d’interprétation multimédia du Village québécois d’antan.

Amis bien-aimés,

Ma loulou est partie pour le pays de l’envers du décor. Un homme lui a donné neuf coups de poignard dans sa peau douce. C’est la société qui est malade. Il nous faut la remettre d’aplomb et d’équerre, par l’amour et l’amitié et la persuasion.

C’est l’histoire de mon petit amour à moi, arrêté sur le seuil de ses 33 ans. Ne perdons pas courage, ni vous ni moi, je vais continuer ma vie et mes voyages avec ce poids à porter en plus et mes deux chéris qui lui ressemblent.

Sans vous commander, je vous demande d’aimer plus que jamais ceux qui vous sont proches. Le monde est une triste boutique, les cœurs purs doivent se mettre ensemble pour l’embellir, il faut reboiser l’âme humaine. Je resterai sur le pont, je resterai un jardinier, je cultiverai mes plantes de langage. À travers mes dires, vous retrouverez ma bien-aimée ; il n’est de vrai que l’amitié et l’amour. Je suis maintenant très loin au fond du panier des tristesses. On doit manger chacun, dit-on, un sac de charbon pour aller en paradis. Ah ! Comme j’aimerais qu’il y ait un paradis, comme ce serait doux les retrouvailles.

En attendant, à vous autres, mes amis de l’ici-bas, face à ce qui m’arrive, je prends la liberté, moi qui ne suis qu’un histrion, qu’un batteur de planches, qu’un comédien qui fait du rêve avec du vent, je prends la liberté de vous écrire pour vous dire ce à quoi je pense aujourd’hui : Je pense de toutes mes forces qu’il faut s’aimer à tort et à travers.

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