La tragédie de Pâques

La tragédie de Pâques

Nous voici à Drummondville, ce dimanche de Pâques 8 avril 1928, il y a tout juste 81 ans! Le temps est nuageux et doux quand, vers 13 h, la débâcle survient sur la rivière Saint-François. Les eaux en crue, charriant une multitude de blocs de glace avec fracas, attirent une foule de curieux au formidable spectacle qui se déroule sous leurs yeux.

Des centaines de personnes, à l’extrémité des rues DuPont, Bellevue, Bérard et autres, réalisent tout-à-coup avec stupeur que le pont du chemin de fer du Canadien National chancelle et est en train de s’effondrer. Tous supposent que les autorités ferroviaires ont avisé les conducteurs de trains de l’imminence du danger. De l’autre côté de la rivière, Chemin Hemming, les sœurs Martel pensent la même chose : Malvina (mariée à Donat Grondin) et Régina (à Napoléon Bernier) quant, tout-à-coup, un peu avant 16 heures, elles entendent venir le train de passagers de l’Océan Limitée en provenance de Halifax, qui siffle en passant à Saint-Cyrille. C’est jour de fête, il doit être bondé de passagers…

Faisant preuve d’une admirable présence d’esprit, elles s’emparent de tout ce qui leur tombe sous la main : un tablier blanc, une jupe rouge, et partent en courant sur la voie ferrée en agitant les bras et en criant. Le conducteur du train, Malvin Houston, les a vues, mais, tel un capitaine de vaisseau au moment du naufrage, il ordonne à son adjoint de sauter et reste au commandes jusqu’à la fin. LA vitesse est réduite, mais ce n’est pas suffisant : les sœurs Martel doivent se lancer contre une clôture et voient la locomotive et le wagon à bagages tomber dans les eaux tumultueuses, alors que le premier des 12 à 14 wagons du train, reste en équilibre instable au bord du gouffre.

Les quelque 400 à 600 passagers du convoi sont évacués indemnes vers les maisons et les fermes voisines et joindront Montréal dans les heures suivantes. La tragédie aura fait quatre victimes : le brave M. Houston, deux bagagistes et un jeune Drummondvillois, Léo Joyal, qui, trop près de l’accident, a été précipité dans la rivière au moment du choc. Quant à l’adjoint du chauffeur, il en a été quitte pour une cheville brisée.

Quant aux sœurs Martel, en plus de la fierté ressentie d’avoir contribué à sauver la vie de tant de gens, elles ont été félicitées publiquement et ont reçu chacune une médaille d’argent gravée à leur nom et une bourse de 500 $ du Canadien National.

Auteur : Gérald Prince

Bienvenue à tous à notre assemblée générale annuelle, le mardi 14 avril à 19 h, au Café Clovis du Cégep de Drummondville!

Ne manquez pas le prochain article de la Société d’histoire, dès le 22 avril!

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