La CBAQ revient à la charge avec une 2e offre

Par Gerard Martin
La CBAQ revient à la charge avec une 2e offre

Paul Doyon et James Allen

SAINT-CYRILLE-DE-WENDOVER– Même si, pour des raisons stratégiques évidentes, la Coopérative de bovins d’abattage du Québec (CBAQ) n’en a pas dévoilé la hauteur, elle a néanmoins confirmé, cet avant-midi (mardi 17 juin), qu’au nom de ses 535 membres, elle a déposé une offre d’achat pour l’ex-abattoir Levinoff-Colbex.

Pour bien démontrer le sérieux de ses intentions, la CBAQ a convoqué les représentants des médias à quelques heures de l’expiration de la date limite pour se manifester, dans l’entrée principale de ce complexe du 4e rang de Saint-Cyrille-de-Wendover, pour commenter cette seconde tentative.

En présence de quelques autres producteurs, James Allen et Paul Doyon, respectivement président et porte-parole du conseil d’administration du CBAQ, ont exprimé leur optimisme, un optimisme modéré néanmoins, quant à leur chance d’acquérir les installations d’abattage de Saint-Cyrille que l’on qualifie des plus avant-gardistes de tout l’Est du Canada.

Il s’agit donc de la seconde fois que la Coopérative de bovins d’abattage du Québec dépose une offre d’achat, la première étant de l’ordre de 1 million $ et avait été adressée à Investissement Québec à la fin de l’année 2013.

Cette proposition était demeurée sans réponse pour ainsi dire.

Cette fois, c’est à la suite du deuxième appel d’offres lancé par le syndic Richter Groupe Conseil inc., pour Investissement Québec toujours, que la CBAQ revient à la charge.

«Nous ignorons si d’autres offres seront déposées ou ont été déposées à ce jour mais, chose certaine, notre projet de relance est le seul dans lequel sont investis un grand nombre de producteurs de bovins», a d’abord plaidé James Allen, président de la CBAQ.

Sans contredire son président, M. Doyon a confessé avoir entendu des rumeurs à l’effet que d’autres acquéreurs étaient possiblement sur les rangs, mais n’a pas voulu aller plus loin dans les spéculations.

Meilleure offre

MM Allen et Doyon ont énuméré plusieurs raisons qui, en bout de ligne, devraient faire en sorte que l’offre des producteurs qu’ils représentent mériterait d’être acceptée.

«L’implication des producteurs est essentielle à la viabilité de cet abattoir. Nous pouvons compter sur nos 535 membres, lesquels se sont engagés à faire abattre leurs bovins à Saint-Cyrille, si notre offre est acceptée», a d’abord exposé le président de la CBAQ.

Selon lui, le projet présenté par son groupe sera bénéfique pour tous les producteurs de bovins québécois, peu importe la région.

«Ceux-ci auront l’option de faire abattre leurs bêtes au Québec, au lieu d’assumer les risques de faire transporter leurs bêtes en Ontario ou aux États-Unis. En matière de bien-être animal, c’est une grande amélioration», a dit pour sa part Paul Doyon en rappelant que les plus proches abattoirs des États-Unis ou de l’Ontario sont à sept ou huit heures de transport.

MM Allen et Doyon ont élaboré un autre aspect non négligeable, celui où plusieurs consommateurs souhaitent manger québécois et qu’il est donc extrêmement difficile pour eux de s’approvisionner en une telle viande de bœuf dans le contexte actuel. «Le redémarrage d’un abattoir bovin québécois, ajouté à nos normes de traçabilité déjà existantes, rendra la chose beaucoup plus facile. Notre projet est innovateur : au lieu de nous appuyer sur une production de masse, nous travaillons sur un concept qui nécessitera moins de bétail par semaine et qui s’appuiera sur un produit à valeur ajoutée, soit une plus grande fraîcheur et une meilleure traçabilité du produit fini sur les tablettes des supermarchés québécois», a fait valoir James Allen.

Volet économique

Bien sûr, la relance de l’abattoir aurait un impact très positif pour l’économie de la région, comme sont venus en témoigner Alexandre Cusson, maire de Drummondville, préfet de la MRC de Drummond et président de la Société de Développement économique de Drummondville (SDED), Daniel Lafond, maire de Saint-Cyrille-de-Wendover, et Daniel Pageau, commissaire industriel à la SDED, qui collabore étroitement au dossier de relance.

Pour un, M. Cusson a indiqué que ce sont 60 emplois au départ qui sont en jeu pour la région avec le projet de la CBAQ dont il a salué le sérieux et l’ardeur de ses initiateurs.

Au dire de M. Cusson, l’option du démantèlement des installations de Saint-Cyrille n’est pas réaliste et il a réitéré son soutien à la Coopérative.

Même discours du côté du maire de Saint-Cyrille-de-Wendover, Daniel Lafond, qui a affirmé qu’Investissement Québec et le gouvernement doivent donner la chance aux coureurs pour que l’abattoir redémarre avec les producteurs.

Pour en revenir aux deux dirigeants de la CBAQ, ils ont dit espérer qu’Investissement Québec tiendra compte de tous ces arguments dans son choix, afin de relancer dès que possible le seul abattoir de bovins d’envergure de tout l’Est du Canada.

«Il est essentiel pour les consommateurs et la filière bovine québécoise que cet abattoir reprenne ses activités», a résumé James Allen.

De son côté, Paul Doyon a précisé que c’est le 27 juin prochain qu’Investissement Québec fera connaître sa réponse.

S’il arrivait qu’elle soit positive pour la CBAQ, comme on l’espère, ceux-ci ont rappelé que compte tenu que la fermeture de l’abattoir remonte à un peu plus de deux ans, il faudra alors compter des délais plus longs que ceux prévus initialement.

Le tout serait attribuable au renouvellement de divers permis et autres autorisations qu’il faudra à nouveau obtenir.

Toutefois, selon eux, l’important pour l’instant est que l’offre de la Coopérative de bovins d’abattage du Québec soit acceptée, si bien que l’on se croise les doigts, non sans continuer pour autant à recruter de nouveaux producteurs.

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