La reproduction de l’esturgeon jaune de la rivière Saint-François étudiée

La reproduction de l’esturgeon jaune de la rivière Saint-François étudiée

FAUNE. Des chercheurs de la communauté abénaquise d’Odanak, située entre Nicolet et Sorel, étudient la reproduction de l’esturgeon jaune de la rivière Saint-François, une espèce «menacée», depuis 2014. Ils rendront leur rapport d’ici la fin de l’année.

Les chercheurs désirent déterminer les zones de fraie, la période de reproduction et le nombre d’œufs produits par ce poisson. Ces données leur permettront de dresser un portrait de la reproduction des esturgeons dans la rivière Saint-François. «C’est quelque chose qui n’avait jamais été fait», soulève la biologiste du bureau environnement et terre d’Odanak, Émilie Paquin

Pour y arriver, Mme Paquin et ses collègues installent des ovocapteurs, des substrats artificiels composés d’un tapis attaché à un bloc de ciment, en aval du cours d’eau. «S’il y a des œufs sur les ovocapteurs, on sait qu’il y a eu de la ponte d’esturgeon à proximité.» Grâce à un filet scientifique, l’équipe d’Odanak cueille les larves du poisson, qui s’extirpent de leur œuf après une dizaine de jours, ce qui leur a permis d’obtenir un ratio de larve par œuf. Ces informations leur permettront d’affirmer si la reproduction de l’esturgeon jaune dans la rivière Saint-François est un échec ou une réussite.

Les chercheurs ont également pu estimer le nombre de géniteurs entre 100 et 200.

La recherche les amène, en fonction des résultats obtenus, à déterminer les stress dans la reproduction de l’esturgeon comme la baisse de la température de l’eau.

Statut en redéfinition

L’esturgeon jaune de la rivière Saint-François est une espèce de poisson «menacée», selon le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, qui découle du ministère de l’Environnement et du Changement climatique. C’est la surpêche et la destruction de l’habitat du poisson dans les années 1980 qui ont amené son entrée sur le Registre public des espèces en péril, dont il se relève tranquillement.

L’équipe d’Odanak fait des recherches sur ce poisson de la rivière Saint-François depuis 2011. Elles ont en partie rendu possible l’abolition de la pêche sportive de l’esturgeon jaune dans la zone 6, dont font partie les frayères à Drummondville, par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs en juin 2015. «Cette population d’esturgeon est beaucoup plus sensible parce qu’ils sont coincés entre les barrages, ce qui fait qu’il y a des modifications intenses du niveau d’eau sur de courtes périodes, commente Émilie Paquin. On souhaite que les variations du niveau de l’eau soient moins tributaires des barrages et plus représentatives de l’état naturel d’écoulement de la rivière.» Il y aurait plus de 300 barrages de différentes tailles dans la rivière Saint-François, dont une vingtaine d’envergure hydroélectrique.

Il s’agit d’un des stress qui peut causer de la mortalité d’œufs ou de larves d’esturgeon jaune. Les frayères sont surtout situées sous le pont de la Route 122 et proche de la centrale de Drummondville.

Les recherches de l’équipe d’Odanak pourraient se poursuivre après 2016 en fonction des résultats obtenus par l’étude en cours. «C’est un travail qui n’est pas fini. Il faut constamment continuer d’améliorer la protection des frayères.»

Poisson symbolique

L’esturgeon jaune symbolise la communauté abénaquise d’Odanak, située à l’embouchure de la rivière Saint-François. Comme d’autres peuples des Premières Nations, les Abénaquis dessinaient leur animal symbolique pour entre autres signer des traités. «Il y a un lien fort entre l’esturgeon, la rivière Saint-François et la communauté d’Odanak, précise la biologiste. C’est un poisson qui est encore pêché, consommé et fumé beaucoup.»

Au bureau environnement et terre d’Odanak, lancé en 2007, elle travaille d’ailleurs à plusieurs autochtones de la communauté. Leurs recherches sont financées par les Abénaquis et le ministère de Pêches et Océans Canada par le biais du fonds autochtone pour les espèces en péril.

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