Alexandre Cusson pointe les fonctionnaires du doigt

Alexandre Cusson pointe les fonctionnaires du doigt
Alexandre Cusson

DRUMMONDVILLE. Selon le maire de Drummondville Alexandre Cusson, ce sont des fonctionnaires mécontents du ministère de l’Éducation supérieure qui ont mis du sable dans l’engrenage du projet de campus de l’UQTR à Drummondville.

Le maire est finalement sorti de son mutisme sur le rapport de la vérificatrice générale, lundi soir. D’entrée de jeu, il attire l’attention sur le fait que le rapport ne remet pas en doute les décisions qui ont été prises par la Ville. Celle-ci ne fait pas non plus partie des recommandations de la vérificatrice. «La Ville n’est pas concernée directement par ce rapport-là.»

Alexandre Cusson a voulu donner sa lecture des faits. Il rappelle que le projet a reçu son premier feu vert à l’époque de Pauline Marois, en 2013. «On a rapidement entendu qu’il y avait des gens, des fonctionnaires du ministère de l’Éducation, qui ne partageaient pas nécessairement la décision qui avait été prise. Il faut savoir que les politiciens, qui sont élus par les gens pour prendre des décisions, doivent prendre des décisions après avoir analysé une multitude de facteurs. Ils ont sûrement considéré à ce moment-là que le Centre-du-Québec est l’une des régions qui connaissent actuellement l’une des plus fortes croissances au Québec. C’est aussi la région qui connaît le plus bas taux de diplomation universitaire au Québec. Ils ont considéré cela dans leur décision. Donc ils ont pris la décision politique de reconnaître le Centre-du-Québec et de lui attribuer, comme la plupart des régions administratives, un campus (…) Pour employer une expression bien connue, certains disaient que ces fonctionnaires-là s’étaient fait mettre ce projet-là dans la gorge. Quand est arrivé le nouveau gouvernement, les fonctionnaires se sont dit que c’était leur chance de faire valoir leur point de vue. Est-ce qu’eux étaient là pour représenter des intérêts? Parce qu’on sait qu’il y a des universités qui disaient que cela (le campus drummondvillois) allait leur enlever de la clientèle. Mais moi je n’en ai rien à foutre. Les gens de Drummondville ne sont pas des gens qui sont là pour remplir des universités de Sherbrooke ou Laval. C’est une vraie population et une population en droit d’avoir des services.»

M. Cusson poursuit en disant que les fonctionnaires qui n’ont pas apprécié être forcés d’avaler le projet ont fait en sorte qu’il soit ralenti. «Et qui la vérificatrice générale ou son bureau a rencontré? Ces fonctionnaires-là, qui, depuis le début, en avaient un peu sur le cœur que ce projet-là soit arrivé directement sur leur bureau. Or c’est sûr qu’ils ont fait ressortir des éléments qu’ils questionnaient.»

En ce qui a trait à la prévision de clientèle et à la possible compétition entre les établissements, M. Cusson indique que la moitié de la clientèle qui fera son entrée au campus est actuellement logée au Cégep de Drummondville, qui a un manque criant d’espace, ainsi qu’à la SDED. Il admet que plusieurs étudiants qui sont présentement aux études dans d’autres universités choisiront d’opter pour les bancs d’école de leur région. «Mais si on s’était posé cette question-là dans le passé, il n’y aurait qu’une université. Il n’y en aurait jamais eu de deuxième. C’est ça, le développement.»

Nuage passager

Le maire est convaincu que le rapport n’aura aucun impact sur le campus, sinon que de faire en sorte que la gestion du projet demeure serrée. «Pour les plus belles journées de ciel bleu, des fois, il passe de petits nuages. Il semble y avoir un petit nuage, mais pour moi, c’est un bien petit nuage.» «Je ne pense pas qu’à ce moment-ci, quelqu’un de raisonnable remettrait ce projet-là en question», ajoute-t-il.

Le maire a également fait la lumière sur une question qui est ressortie à la suite de la lecture du rapport et qui n’avait pas été répondue jusque-là, à savoir ce qui s’est passé entre le 29 août et le 22 septembre alors que le ministre Bolduc a changé son fusil d’épaule. Selon le premier magistrat, toute une équipe à la Ville de Drummondville et à l’UQTR s’est démenée, corps et âme, pour convaincre le ministre. «Je comprends que la vérificatrice générale, qui est une comptable, prend une décision froide devant du papier. Ce que le ministre doit faire, c’est de considérer un paquet d’éléments.»

Les risques

Selon le rapport, certains risques pris initialement par l’Université ont été transférés à la Ville de Drummondville et d’importants changements ont été apportés à version de juin 2014 pour en venir à celle de septembre 2014, dont le droit de retrait de l’UQTR après six ans et un éventuel dépassement des coûts de construction assumé par la Ville plutôt que par l’UQTR.

Alexandre Cusson affirme qu’il n’y a pas eu deux versions de bail. «Il y a eu différentes hypothèses amenées et on a discuté. Entre le risque que la Ville de Drummondville a assumé à la fin, versus ce qui était mis dans tous les scénarios au départ, il n’y avait presque pas de différences. Même je pense qu’à la fin, on a assumé un peu moins de risques que ce qu’on avait été prêt à assumer en cours de route.»

Il souligne que s’il y avait un dépassement de coûts, l’Université aura une année ou deux de plus à payer un loyer. «La Ville n’assumera pas de dépassement de coûts (…) L’Université deviendra propriétaire le jour où elle voudra payer le solde de l’hypothèque ou le jour où elle l’aura payé au complet.»

«Si on nous accuse d’avoir pris des risques, si minimes soient-ils, pour permettre à nos jeunes et à notre population d’avoir un accès à un campus, il faut nous donner un trophée pour cela. Il ne faut pas nous le reprocher.»

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