Front commun contre le Règlement sur la protection de l’eau potable

Front commun contre le Règlement sur la protection de l’eau potable
Ce collectif estime que le gouvernement Couillard accepte de prendre des risques inconsidérés avec une ressource pourtant essentielle : l’eau potable. (Photo Depositphotos)

SAINT-BONAVENTURE. En plus de priver les communautés locales de leur compétence sur les puisements d’eau réalisés sur leur territoire, le nouveau règlement provincial sur la protection de l’eau potable est une mystification qui ne protège pas réellement les sources d’eau potable, mais qui favorise plutôt une exploitation sauvage des hydrocarbures fossiles non conventionnels (gaz et pétrole de schiste).

Voilà les conclusions franchement alarmantes d’un collectif de scientifiques indépendants, qui a produit un texte de plus de 25 pages sur les principales dispositions du Règlement, entré en vigueur le 14 août dernier.

«Les études scientifiques montrent clairement que les puits d’eau potable situés à moins de 2 km des puits de forage sont contaminés par le méthane thermogénique (qui vient des forages), le butane, l’éthane et d’autres hydrocarbures. Dès le 18 mars 2013, comme collectif de scientifiques, nous avons rencontré les experts du ministère pour les mettre en garde contre des normes de protection trop étroites. Mais le ministère ne nous a pas écoutés, comme il a refusé d’entendre les maires de la région qui ont vainement tenté d’alerter les ministres en place, peu importe leur parti politique», explique Richard E. Langelier.

«En plus de ne pas protéger les sources d’eau potable destinée à la consommation humaine, ajoute sa collègue Céline Marier, les normes en vigueur ne protègent plus l’eau servant à des fins agricoles, ce qui est un comble pour des municipalités rurales où l’agriculture constitue une importante activité économique.»

Les études ne sont pas considérées

Les auteurs de l’étude montrent aussi que les municipalités perdent tout contrôle sur les puisements d’eau réalisés sur leur territoire, si ces puisements servent à des fins d’exploration gazière et pétrolière. «C’est d’autant plus inquiétant, ajoute Céline Marier, que les études menées dans le cadre de l’Étude environnementale stratégique (ÉES) sur les gaz de schiste ont montré que plusieurs bassins versants ne sont pas en mesure de fournir l’eau nécessaire aux forages. On donne donc priorité à l’exploitation gazière et pétrolière par rapport aux autres usages usuels de l’eau dans nos communautés».

Pour Richard E. Langelier, la promulgation de ce règlement au moment où le BAPE sur les gaz de schiste devrait présenter son rapport et ses recommandations sur le cadre juridique, en novembre prochain, illustre bien que le gouvernement accepte de prendre des risques inconsidérés avec une ressource pourtant essentielle : l’eau potable.

«La pollution des sources d’eau peut s’étendre sur plusieurs décennies, le temps que le méthane remonte du sous-sol par les failles naturelles ou les fractures créées par le forage, mais les sociétés en cause ne seront responsables que durant une période de temps limitée à dix ans. Ce sont les citoyens qui devront, une fois de plus, payer la note. Combien faudra-t-il de Lac-Mégantic avant que nos élus ne comprennent que ce sont les pollueurs qui doivent payer les conséquences de leurs activités?», questionne le scientifique. (CL)

Qui compose ce collectif?

Marc Brullemans, biophysicien; Marc Durand, ingénieur-géologue; Richard E. Langelier, juriste et sociologue; Céline Marier, biologiste, et Chantal Savaria, ingénieure-géologue et spécialiste des contaminations par hydrocarbures.

Pour lire l’étude effectuée par ce collectif : http://enjeuxenergies.files.wordpress.com/2014/08/texte-5-experts.pdf

 

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