La Fondation Rivières s’inquiète pour les 24 espèces de poissons de la Nicolet Sud-Ouest

Par Gerard Martin
La Fondation Rivières s’inquiète pour les 24 espèces de poissons de la Nicolet Sud-Ouest

Pierre Leclerc a émis quelques réserves quant aux explications du MDDELCC relativement aux carpes mortes trouvées près du barrage de Sainte-Brigitte-des-Saults.(Photo TC Media - Archives)

SAINTE-BRIGITTE-DES-SAULTS La réponse fournie par le ministère de Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) dans le dossier des carcasses de chevaliers rouges de la Nicolet Sud-Ouest ne rassure pas pour autant la Fondation Rivières qui s’inquiète du sort des 24 espèces de poissons qui y trouvent refuge.

Pierre Leclerc, celui-là qui a porté plainte au Centre de contrôle environnemental du Centre-du-Québec à la suite de la découverte de ces carcasses dans le secteur du barrage et de la mini-centrale hydroélectrique de Sainte-Brigitte-des-Saults, met quelques bémols sur les propos que lui a transmis Marylène Denis, chef d’équipe au MDDELCC de Trois-Rivières, d’abord en ce qui a trait au débit réservé imposé à l’Algonquin Power Fund.

Voie de migration

«Les enquêteurs dépêchés sur les lieux parlent d’un débit minimal présent d’un mètre-cube, "sans qu’il ait été mesuré". On ne peut donc pas encore réellement savoir si celui-ci est le bon débit s’il n’est pas mesuré», met d’abord en perspective l’agent de recherche et de communication à la Fondation Rivières.

Au dire de Pierre Leclerc, le fait de ne trouver aucun poisson captif dans les bassins au pied du barrage, "vivant, mort ou moribond", comme il est écrit dans le rapport, ne prouve en rien de l’efficacité de cette supposée "voie de migration".

«Cela prouve seulement qu’il peut peut-être y avoir écoulement d’eau en période d’étiage (sèche). Pour ce qui est de la montaison des poissons, tout reste à déterminer, comme le confirme la présence de "milliers (de poissons) qui ont été observés vivants directement en aval de la centrale dans le canal dynamité pour évacuer les eaux turbinées"», soumet M. Leclerc en reprenant des éléments de la lettre de Mme Denis.

À cet égard, celui-ci se questionne sur l’utilisation récente par les enquêteurs de la Direction régionale du MDDELCC de l’expression "voie de migration".

«Il y a quelques années, on parlait de "passe migratoire" et même "d’échelle à poissons". Il semble y avoir ici encore la même nuance sémantique pour justifier le statu quo actuel», énonce Pierre Leclerc.

La Fondation Rivières n’est pas le seul organisme à se questionner sur l’absence d’une passe à poissons au barrage de Sainte-Brigitte-des-Saults et à vouloir s’assurer du contrôle d’un débit minimal, comme nous l’indique M. Leclerc.

Celui-ci se permet donc de citer le biologiste Rémi Magnan, lequel travaille pour l’organisme de bassin versant COPERNIC qui, ouvrons une parenthèse, s’intéresse de très près à ce qui se passe du côté de Sainte-Brigitte-des-Saults et de la rivière Nicolet Sud-Ouest en général.

«Ne pas maintenir un lien entre l’amont et l’aval par une passe à poissons et par la conservation d’un débit de réserve adéquat pour la faune aquatique pourrait avoir des conséquences négatives pour la survie de ces espèces. Pensons aux différentes raisons à la migration, par exemple la recherche de nourriture, d’abris et de partenaires. L’absence de passe migratoire créerait aussi un obstacle aux flux de gènes, processus essentiel à la dynamique des populations», plaide le biologiste.

4 espèces à statut

S’en remettant ensuite à l’étude «Portrait du poisson et de ses habitats au Centre-du-Québec» réalisée en 2012 par J. Daigle, R. Magnan Gaudreau et G. Diab, M. Leclerc fait réfléchir la population sur l’importance relative à la rivière Nicolet Sud-Ouest.

Ainsi, celui-ci affirme que des études menées au cours des dix dernières années sur la Nicolet Sud-Ouest, dont celle dont il est précédemment question, démontrent que cette rivière supporte plusieurs espèces de poissons.

Le porte-parole de la Fondation Rivières rapporte que dans le secteur du barrage de Sainte-Brigitte-des-Saults, dans un rayon de 9 kilomètres, pas moins 24 espèces ont été recensées, dont 23 depuis 2006 et 12 à l’été 2013.

«Sur ces 24 espèces, quatre possèdent l’un des trois statuts de conservation au niveau provincial (menacé, vulnérable et susceptible d’être désigné)», précise Pierre Leclerc pour mieux faire comprendre l’importance de ce cours d’eau.

Pour en ajouter, il confirme que dix espèces ont été inventoriées à la fois en amont et en aval du barrage.

Sans aller trop loin dans la stratégie que la Fondation Rivières entend suivre pour favoriser la protection de ce cours d’eau, Pierre Leclerc indique néanmoins l’intention de son groupe de revenir à la charge au cours des prochaines semaines auprès du nouveau ministre (David Heurtel) pour lui exposer la situation.

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