Ces indispensables abeilles!

Ces indispensables abeilles!

RÉGIONAL. L’utilisation des pesticides contribue au déclin des abeilles, ces agentes de pollinisation essentielles à toute la chaîne alimentaire. Voilà pourquoi le Conseil régional en environnement Centre-du-Québec (CRÉCQ) réclame depuis des mois une règlementation plus sévère en la matière.

Selon la période de floraison de leurs arbres fruitiers, des producteurs de la région s’arrachent les quelques ruches d’abeilles disponibles. "C’est rendu un problème à cause de la rareté", indique Alexandre Larivière, copropriétaire du Verger Larivière, estimant que la pénurie sévit plus sérieusement depuis trois ans.

Cette situation les force à commander plus tôt, avant la période des Fêtes en vue du printemps suivant. "Quand l’apiculteur t’appelle, tu as intérêt à réserver rapidement", fait-il savoir. Chez les pomiculteurs, la période de floraison ne dure que 10 jours. "Il faut s’assurer d’avoir les abeilles au bon temps", commente-t-il.

Leur déclin fait également monter en flèche les coûts de location. "Ça me coûte environ 3000 $ pour 10 jours", évalue Martin Laverdière, gestionnaire au Verger Blanchard. Malgré la hausse des prix, celui-ci a quadruplé cette année le nombre de ruches louées. "C’est indispensable!", s’exclame-t-il, convaincu de maximiser ainsi le potentiel de sa récolte.

Une visite au Centre de la biodiversité de Bécancour permet également d’être sensibilisé à la pénurie des abeilles. Pour contrer cette rareté, des producteurs procéderaient eux-mêmes, aux dires des guides, à la pollinisation des arbres fruitiers. Certains imbiberaient des cure-oreilles de nectar et de pollen pour ensuite les propager de fleur en fleur. Un travail de moine!

Parmi les coupables : le néonicotinoïde

Selon une récente étude, le quart des abeilles étudiées étaient mortes à cause des semences enrobées du pesticide «néonicotinoïde», de rapporter le CRECQ. Au Québec, la plupart du maïs et plus de la moitié des graines de soya sont enrobés de cet insecticide systémique, qui se répand dans toute la plante, incluant le pollen et le nectar.

Qui plus est, l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de Santé Canada (ARLA) conclut «que les pratiques agricoles actuelles ayant trait à l’utilisation de semences de maïs et de soja traitées aux néonicotinoïdes ne sont pas viables». Étudiant la question, l’organisation prévoit rendre publiques ses conclusions en 2018.

Le CRECQ estime que cette échéance est beaucoup trop éloignée et il demande à la ministre de la Santé du Canada d’accélérer le processus afin que des gestes concrets soient posés rapidement.

Entre-temps, divers changements de pratiques agricoles sont néanmoins envisagés. Impuissant, le gouvernement du Québec invite le milieu agricole à utiliser de façon raisonnée les semences traitées aux néonicotinoïdes.

«Il est intéressant de savoir que l’Union européenne va pour sa part beaucoup plus loin avec l’imposition d’un moratoire de deux ans sur leur utilisation dans certaines cultures», conclut Gilles Brochu, président du CRECQ.

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