Feu vert aux potagers de façade à Drummondville

Feu vert aux potagers de façade à Drummondville
Josée Landry

Après une controverse qui aura pris des proportions «planétaires», les potagers urbains devant les résidences seront autorisés par un règlement municipal que les élus de la Ville de Drummondville adopteront ce soir en assemblée régulière.

L’annonce en a été faite ce matin à l’hôtel de ville où la mairesse Francine Ruest Jutras, accompagnée du directeur du Service de l’urbanisme, Denis Jauron, de quelques élus, et en présence de Michel Beauchamp et Josée Landry, les deux jardiniers citoyens à l’origine du fameux débat, a fait connaître la nouvelle règlementation qui se veut, selon elle, «à la fois avant-gardiste et inspirante et qui souhaite aussi assurer l’harmonie des quartiers résidentiels».

Après avoir rappelé que les deux propriétaires avaient aménagé l’été dernier un jardin potager dans la cour avant de leur résidence située dans le secteur Saint-Charles, là où c’était permis avant l’avènement de la fusion municipale avec Drummondville qui avait un règlement qui, au contraire, l’interdisait, la mairesse a expliqué les nouvelles dispositions de la nouvelle règlementation née de discussions au sein d’un comité spécial composé d’élus et de membres du Service de l’urbanisme.

Ainsi, les nouvelles dispositions du règlement de zonage autoriseront les potagers en cours avant pour tous les usages, qu’ils soient résidentiels, commerciaux, industriels ou communautaires. Des structures amovibles pour les potagers seront également permises du 1er mai au 1er novembre. Ces structures, de même que les plantations, devront respecter certaines balises touchant notamment la hauteur maximale, comme cela est déjà le cas pour tous les autres types d’aménagements paysagers.

Par exemple, l’aménagement de ces potagers en cour avant devra respecter un dégagement minimal de 0,5 mètre mesuré à partir des limites des terrains voisins, D’autre part, pour des motifs d’esthétique et de sécurité, les plantations ainsi que les structures s’y rapportant ne devront pas excéder une hauteur d’un mètre sur une distance de 2,15 mètres en s’approchant de la résidence et les structures devront être de couleur sobre et uniforme.

En outre, le numéro civique devra être visible en tout temps à partir de la rue et les accès aux bâtiments devront également rester libres.

Un point déterminant du débat a touché l’utilisation de l’emprise municipale. Les élus précisent à ce sujet qu’une tolérance sera exercée mais insistent sur le fait que cet espace demeure la propriété de la Ville et que celle-ci pourra y effectuer les travaux nécessaires et procéder au démantèlement de ce qui sera sur l’emprise en tout temps et sans compensation. Aucun permis ne sera nécessaire lors de l’aménagement d’un potager. De plus, comme pour tout autre aménagement paysager, le règlement touchant la gestion de l’eau potable devra être respecté dans son intégralité.

«Il est utile de noter que peu de villes au Québec ont procédé à l’adoption d’une telle réglementation et que Drummondville fait en quelque sorte école à ce chapitre», a tenu à faire valoir Mme Ruest Jutras. «La Ville s’est montrée très ouverte et transparente dans ce dossier», a-t-elle déclaré.

Michel Beauchamp et Josée Landry se sont dits ravis de la décision des autorités drummondvilloises de donner le feu vert aux résidants qui veulent aménager un potager en façade de leur résidence. «Je suis content, car c’est une tendance mondiale. Depuis deux ou trois ans, il y a un essor incroyable, des mouvements en Angleterre et en France», a commenté M. Beauchamp.

En raison de la force des réseaux sociaux, le débat a largement dépassé les frontières du Québec, suscitant des réflexions, parfois même agressives, en provenance de l’Europe, de l’Australie et de l’Amérique du Sud, notamment. «C’est la symbolique de l’affaire qui a attiré l’attention, a souligné John Husk. L’agriculture urbaine et l’environnement sont des valeurs défendues à travers le monde. La Ville de Drummondville a paru comme un cancre, certains disant que les jardins étaient carrément interdits, ce qui n’était pas vrai. Mais l’important, c’est que nous avons progressé».

Michel Beauchamp et Josée Landry ont publié un livre s’intitulant « Le potager urbain » qui sera disponible le 21 avril. Ils y expliquent comment s’y prendre pour réussir un tel potager. Il faut dire que celui qu’ils ont aménagé au 595 du Richelieu s’est attiré majoritairement des éloges.

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