165 ans plus tard, la pierre tombale du club de golf expliquée

165 ans plus tard, la pierre tombale du club de golf expliquée
David Cruickshank

HISTOIRE. La citoyenne Chantal Proulx a percé le mystère entourant la pierre tombale assise au beau milieu de l’allée du onzième trou du Club de golf Drummondville.

Les automobilistes et les golfeurs ont tous déjà remarqué cette pierre tombale, défraîchie par le temps, qui est en fait un cimetière.

Mercredi après-midi, à la suite de plusieurs recherches, Chantal Proulx a dévoilé le fruit de son travail devant une cinquantaine de personnes, dont sept descendants directs des personnes enterrées à cet endroit. Ils sont arrivés d’aussi loin que de l’Ontario, l’Alberta et de la Saskatchewan.

L’histoire a débuté il y a un peu plus de trois ans lorsque Mme Proulx a fait une première découverte des plus intéressantes : elle apprenait que la cour arrière de sa maison de la rue des Lilas était construite sur les fondations d’un ancien manoir, le Grantham Hall, un bâtiment construit de 1842 à 1846 ayant appartenu à Robert Nugent Watts, cousin héritier du fondateur de Drummondville, Frederick George Heriot.  

En 1851, à la suite du décès de la fille de Nugent Watts, âgée d’un an, ce dernier a décidé de faire enterrer le corps sur une parcelle de son domaine à un peu plus de 500 m de son manoir, soit directement sur le lieu actuel du terrain de golf.

En 1852, l’espace a été consacré comme cimetière par l’évêque anglican, George J. Mountain. Neuf personnes ont été inhumées à cet endroit qui aujourd’hui est accessible par les sentiers du club de golf. Si la pierre tombale s’y trouve toujours, c’est que le cimetière a toujours été exclu dans la vente du terrain. De plus, l’acheteur doit permettre un accès direct entre le cimetière et la voie publique, ce qui a entièrement été respecté par le club de golf.

Intriguée, Mme Proulx a décidé de pousser ses recherches. «Au début, je pensais que c’était des vestiges du club de golf. On a finalement découvert que c’était le Grantham Hall. J’ai, en compagnie de Yolande Allard (historienne reconnue à Drummondville), effectué plusieurs recherches au Musée McCord de Montréal pour en savoir plus. De fil en aiguille, tout à fait par hasard et avec un peu de chance, on a mis la main sur un livre racontant l’histoire des Watts, Newton et Sheppard. Je voulais savoir qui étaient ces gens», explique Mme Proulx.

Jusque-là, rien ne laissait entrevoir le lien entre sa découverte et l’histoire de Drummondville.

«J’ai contacté l’auteur du livre afin de pouvoir entrer en communication avec les gens cités dans le bouquin. C’est à ce moment que nous avons fait la rencontre de Jean Millward Cruickshank, de l’île Wolfe près de Kingston en Ontario, poursuit Mme Proulx. Elle est la descendante de la plus vieille des Watts. On a mis la main sur 15 caisses de documents, dont certains écrits de la main de Frederick George Heriot. Par la suite, encore par un heureux hasard, j’ai pu rencontrer Christopher Stevenson, descendant de Stephen Gibbon Newton, fils de Samuel Newton et Margaret Watts. On a pu dresser l’histoire de ce cimetière de cette façon… en ficelant les générations.»

Dans une allocution, Mme Millward Cruickshank a porté le message des descendants.

«Nous sommes extrêmement reconnaissants et touchés de ce qui a été fait pour faire connaître nos ancêtres», dit-elle.

Si, au cours des 92 années d’existence du club de golf, les gens n’ont jamais porté attention aux écritures, et souvent imaginé qu’un ancien président ou une personne d’intérêt y reposait, il sera maintenant facile de connaître le passé de cet endroit.

«Quand j’ai été élu à la présidence du club, j’avais mentionné vouloir mettre en lumière l’histoire de ce cimetière. Avec la collaboration de plusieurs intervenants, dont Denis Hébert et sa femme pour l’aménagement, et Yves Carignan de Dessins Drummond pour le panneau explicatif, ont y est arrivés», s’est réjoui Alain Chevrette, président du club de golf. Le pro du club, Claude Gamache, et  la directrice, Linda Thomas, ont œuvrés ardemment à la réalisation de cette cérémonie. 

Les personnes inhumées

–  Robert Nugent Watts 1806-1867

–  Charlotte Sheppard 1816-1882

–  Susannah Elizabeth Watts 1850-1851 (n’apparaît pas sur la pierre)

–  William Sheppard 1784-1867

–  Sarah Watts 1837-1859 (n’apparaît pas sur la pierre)

–  Harriet Campbell 1786-1858

–  Margaret Sheppard 1785-1870

–  Margaret Ann Watts 1857-1937

–  Samuel Newton 1849-1905

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